Texas La nouvelle méga-usine Tesla a été inaugurée en grande pompe

afp

7.4.2022 - 07:04

Entre les milliers d'invitations et le culte voué à Elon Musk par ses fans, l'inauguration de la nouvelle usine Tesla à Austin jeudi a des allures de concert de star, dans la tradition désormais rodée du fantasque milliardaire qui célèbre son implantation au Texas.

Une voiture électrique Model Y sort de l'usine de Tesla à Berlin, son premier site de production en Europe (archives).
Une voiture électrique Model Y sort de l'usine de Tesla à Berlin, son premier site de production en Europe (archives).
ATS

Keystone-SDA, afp

Depuis plusieurs jours, des fans de la marque de véhicules électriques haut de gamme tweetent à l'intention du patron pour réclamer des billets d'entrée à l'événement. Il pourra accueillir jusqu'à 15'000 personnes, selon le journal Austin American-Statesman.

«J'ai trouvé le ticket d'or!», a tweeté mercredi Luke Metzger, président d'une ONG texane environnementale, en référence à «Charlie et la chocolaterie». «Merci Elon Musk!», a-t-il ajouté, avec une capture d'écran de son invitation au «Cyber Rodeo – Giga Texas», qui doit se tenir à l'adresse «1 Tesla Road, Austin, Texas».

Les rumeurs sur cette inauguration circulent largement, sans que l'entreprise, très secrète, ne communique directement.

«Grande fête pour l'ouverture de la nouvelle maison de Tesla, qui s'étend sur 74 hectares et vaut 1,1 milliard de dollars (1,03 milliard de francs). Visites gratuites interactives. Barbecue gratuit. Open bar. Deux scènes avec des groupes de musique et d'autres divertissements. +Discours au coucher du soleil+», a indiqué mardi le compte Instagram WhenWhereWhatAustin, qui recense des événements dans la capitale texane.

«Problème de riche»

«Giga Texas», dont la surface est équivalente à une centaine de terrains de football, est déjà en activité depuis fin 2021.

C'est la cinquième «méga-usine» de Tesla, après celles du Nevada, de New York, de Shanghai et de Berlin --premier site européen du constructeur automobile, qui a ouvert en grande pompe en mars.

Ces usines produisent des voitures, mais aussi des équipements et des batteries à très grande échelle.

D'après Jessica Caldwell, du cabinet spécialisé Edmunds, celle d'Austin va sortir les Model 3 et Y, «et c'est là aussi que vont être fabriqués le pickup Cybertruck et le camion Semi», dont la production doit être lancée en 2023.

«Tesla a un problème de riche: la demande dépasse l'offre au point que les Model Y et certains Model 3 sont livrés avec 5 à 6 mois de retard dans certaines parties du monde», souligne l'analyste Dan Ives de Wedbush Securities. «La solution se trouve principalement à Austin et à Berlin».

La société veut faire croître ses livraisons de 50% en moyenne par an, et devrait encore «confortablement» dépasser cet objectif en 2022, a affirmé Elon Musk lors d'une conférence téléphonique en janvier.

Le constructeur a livré plus d'un million de véhicules sur les douze derniers mois, malgré les contraintes de production actuelles liées à la pénurie de puces électroniques.

Rien qu'au premier trimestre, Tesla a livré 67% de véhicules de plus que pour la même période en 2021, quand Toyota et General Motors, eux, voyaient leurs ventes reculer de plus de 20% en volume.

«Crise d'identité»

La soirée de jeudi marque aussi l'évolution personnelle d'Elon Musk. L'entrepreneur sud-africain devenu l'homme le plus riche du monde a créé Tesla en 2003 dans la Silicon Valley, en Californie, mais il a déménagé son siège au Texas fin 2021.

Cet Etat américain est connu pour ses politiques conservatrices --il a fait les gros titres récemment pour avoir adopté une loi particulièrement restrictive sur l'avortement-- et pour ses incitations fiscales: il n'y pas d'impôts sur les sociétés ni sur les revenus.

Selon le Austin American-Statesman, Tesla a bénéficié d'exonérations d'impôts évaluées à plus de 60 millions de dollars pour construire sa méga-usine, censée employer 10'000 personnes à terme.

Le Texas est aussi synonyme de pétrole et de grosses voitures polluantes. «Je crois qu'Elon Musk fait un peu une crise d'identité. Il a oublié qui étaient ses clients», commente l'analyste indépendant Rob Enderle.

Mais le patron a maille à partir avec la Californie sur différents sujets.

En février, l'Etat démocrate a engagé des poursuites contre l'usine de Fremont pour discrimination raciale. Le site est aussi connu pour des échecs de tentatives de syndicalisation.

Et en mai 2020, au début de la pandémie de Covid-19, quand les autorités refusaient de rouvrir immédiatement cette même usine à cause des mesures sanitaires, Elon Musk les avait mises au défi de venir «l'arrêter».

Le comté d'Hidalgo, dans le sud du Texas, avait sauté sur l'occasion, en lui proposant de venir installer ses opérations sur son territoire. Mais c'est le comté de Travis, en banlieue de l'attractive --et démocrate-- Austin, qui a remporté les faveurs du très courtisé homme d'affaires.