Indonésie Indonésie poursuivie pour pollution

ATS

4.7.2019 - 16:07

Sur l'année 2018, AirVisual avait déjà distingué Djakarta comme la ville la plus polluée d'Asie du Sud-Est, avec une moyenne de 45,3 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air (soit un indice AQI de 125). L'OMS recommande un seuil maximal de 10 microgrammes en moyenne annuelle.
Sur l'année 2018, AirVisual avait déjà distingué Djakarta comme la ville la plus polluée d'Asie du Sud-Est, avec une moyenne de 45,3 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air (soit un indice AQI de 125). L'OMS recommande un seuil maximal de 10 microgrammes en moyenne annuelle.
Source: KEYSTONE/EPA/MAST IRHAM

Un groupe d'habitants de Djakarta a porté plainte contre le gouvernement indonésien jeudi, excédé par la pollution qui étouffe la mégalopole dans l'indifférence quasi générale. L'action vise sept responsables politiques, dont le président Joko Widodo.

La capitale indonésienne est enveloppée d'un nuage toxique persistant depuis début juin et a été à plusieurs reprises sur cette période classée la ville la plus polluée au monde, selon les données de l'application AirVisual.

Une trentaine de plaignants, parmi lesquels des militants écologistes, des employés de bureau et un chauffeur de taxi, veulent obtenir des actes des dirigeants indonésiens, mais surtout alerter les habitants, encore très peu sensibles aux questions environnementales.

Droit à un air sain

Outre le président indonésien Joko Widodo, la plainte vise le gouverneur de Djakarta et plusieurs ministres. «Ils négligent le droit des habitants à respirer un air sain. Et ils ne font pas en sorte que la qualité de l'air soit assez bonne pour les 10 millions de personnes qui y vivent», a déclaré Nelson Nikodemus Simamora, un avocat du groupe, à des journalistes devant le tribunal.

La conurbation de Djakarta compte au total 30 millions d'habitants. Le 25 juin, l'indice de qualité de l'air (AQI), qui mesure la concentration de particules fines PM2.5, a atteint 230, soit le double de Pékin ou Bombay le même jour.

La ville la plus polluée d'Asie du Sud-Est

Sur l'année 2018, AirVisual avait déjà distingué Djakarta comme la ville la plus polluée d'Asie du Sud-Est, avec une moyenne de 45,3 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air (soit un indice AQI de 125). L'OMS recommande pour la santé un seuil maximal de 10 microgrammes en moyenne annuelle.

Mais «les données de 2019 montrent une augmentation significative des particules fines» sur la première moitié de l'année, note Louise Watt, porte-parole de l'application, interrogée par l'AFP.

Trafic routier, centrales à charbon

Greenpeace Indonésie met notamment la pollution sur le compte du trafic routier dans cette ville qui compte parmi les plus embouteillées au monde. L'ONG l'impute aussi à l'habitude des habitants de brûler leurs ordures en plein air, ainsi qu'à la présence de huit centrales à charbon dans un rayon de 100 kilomètres autour de la capitale.

Le chef de l'agence locale pour l'environnement Andono Warih, cité par le quotidien Jakarta Post, a estimé pourtant que la pollution de la capitale «n'était pas si mauvaise», attribuant l'essentiel du problème aux travaux de construction dans le centre-ville.

Réglementation dépassée

Une exposition prolongée aux particules fines peut provoquer des irritations, des problèmes respiratoires et de l'asthme à court terme. A long terme, elle accroît le risque de cancer notamment.

«Le nombre de jours avec une pollution dangereuse pour la santé a été deux fois plus élevé en 2018 que celui de 2017», objecte Bondan Andriyanu, un responsable des campagnes de Greenpeace interrogé par l'AFP.

«Le gouvernement devrait reconnaître le problème, mais il se base sur une réglementation dépassée qui date des années 1990», déplore-t-il.

Sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont aussi entamé une campagne de sensibilisation, invitant les habitants de Djakarta à publier leurs photos de la ville étouffée par la pollution sous le mot-dièse #SetorFotoPolusi (poste ta photo de pollution).

Mais la plupart des habitants se disent habitués à la pollution et ils sont peu nombreux à porter des masques.

Certains, comme Dita Nadine, une employée de bureau de 35 ans, mère de deux enfants, commencent à s'alarmer. «Il faut que le gouvernement s'attaque à la cause du problème (...) combien de temps allons-nous laisser cela continuer?«, s'interroge-t-elle.

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