France voisineKronenbourg rappelé à l'ordre par le défenseur des droits
ATS
4.2.2022 - 20:15
Kronenbourg, accusé de discrimination par un ex-salarié débouté mardi par les prud'hommes, a été pointé vendredi dans un autre dossier par le défenseur des droits qui demande au brasseur alsacien «de veiller au respect du principe de non-discrimination à l'embauche», selon un document consulté par l'AFP.
04.02.2022, 20:15
ATS
«ll m'a semblé opportun (...) d'adresser un courrier à (...) Kronenbourg afin d'appeler sa vigilance sur certains points», écrit l'instance dans un courrier daté de vendredi et adressé à une avocate strasbourgeoise qui l'avait saisi au sujet de l'un de ses clients, un salarié d'origine turque qui demande en vain à être embauché en CDI par le brasseur d'Obernai (Bas-Rhin). Il dénonce une discrimination en raison de ses origines et a saisi les prud'hommes.
Cette avocate défend par ailleurs l'ex-salarié de Kronenbourg de 62 ans qui a cumulé en presque 30 ans 177 contrats courts chez le brasseur alsacien qu'il accusait également de discrimination. Les prud'hommes de Saverne l'ont toutefois débouté de toutes ses demandes mardi. Il a fait appel de cette décision, a indiqué son avocate, qui a également saisi le défenseur des droits de son cas.
Analyse onomastique
Dans son courrier, le défenseur dit avoir examiné les «listes d'intérimaires et de salariés en CDI au sein d'un service» de Kronenbourg entre 2012 et 2020 grâce à l'analyse «onomastique».
Cette méthode, qui «s'appuie sur la consonance des noms et/ou des prénoms, utilisées comme support de perceptions stéréotypées», a été reconnue en 2007 dans une affaire de discrimination à l'embauche par la Cour d'appel de Paris dont l'arrêt avait été confirmé en cassation, rappelle le défenseur.
Chez Kronenbourg, l'analyse met en évidence que «parmi les intérimaires, 17,67% ont un nom à consonance maghrébine ou turque», une proportion qui chute à «5,40%» chez les CDI.
«Si les éléments communiqués par (Kronenbourg) pourraient permettre de justifier que le refus d'embauche» du salarié d'origine turque «est étranger à toute discrimination, ils ne permettent pas d'expliquer les écarts constatés au niveau collectif», note le défenseur, qui rappelle que «des écarts significatifs constituent un élément de présomption d'une discrimination en lien avec l'origine».
«J'ai rappelé à (Kronenbourg) les textes en vigueur et jurisprudences en matière de discrimination à l'embauche», écrit le défenseur des droits, qui demande «aux responsables du recrutement au sein de l'entreprise de veiller au respect du principe de non-discrimination à l'embauche».
Interrogé par l'AFP, Kronenbourg «réfute totalement les allégations de discrimination et de racisme, à l'instar de ses représentants du personnel, et réaffirme qu'elle n'a pas été, et ne sera jamais, à l'origine de tels faits à l'intérieur comme à l'extérieur de l'entreprise».