L'EPFL se chauffe et se refroidit désormais intégralement avec l'eau du lac Léman. La haute école y parvient grâce à sa nouvelle centrale thermique, inaugurée jeudi.
Keystone-SDA, gsi, ats
08.09.2022, 15:51
08.09.2022, 16:11
ATS
Mise en service après trois ans de travaux, la centrale fonctionne grâce à un pompage dans le Léman: l'eau, puisée à 7 degrés, peut ensuite être amenée à 67 degrés via des pompes à chaleur. Panneaux solaires et «valorisation» de la chaleur dégagée par les serveurs du centre de données complètent le système.
Résultat: 54% de l'énergie nécessaire à l'EPFL est fournie par la nouvelle centrale, soit par l'eau du Léman. Le reste provient de l'électricité (40%) et du gaz (6%). Le mazout, avec lequel fonctionnait notamment l'ancienne centrale, a totalement disparu du campus.
«Laboratoire à ciel ouvert»
«Un pas essentiel a été franchi pour réduire notre empreinte carbone et notre dépendance aux énergies fossiles», s'est réjoui Martin Vetterli, président de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Cette centrale doit aussi servir de «démonstrateur», de «laboratoire à ciel ouvert» pour montrer comment sortir des énergies fossiles, «cette héroïne de l'économie moderne», a-t-il ajouté.
Inaugurée alors que les prix de l'énergie flambent, la nouvelle centrale «tombe à pic», a estimé Martin Vetterli. Cela n'empêchera toutefois pas la haute école de subir «de plein fouet» la hausse des coûts, a-t-il reconnu, sans pouvoir encore chiffrer l'augmentation de la facture pour le deuxième plus gros consommateur énergétique du canton de Vaud.
Innovation et sobriété
Présent parmi les quelque 50 invités de cette inauguration, le conseiller d'Etat Vassilis Venizelos a salué «le caractère précurseur» de la démarche de l'EPFL. Le ministre en charge de l'environnement a dit espérer que de telles réalisations «foisonnent partout ailleurs dans le canton et en Suisse».
Tout en louant la prouesse technologique, Vassilis Venizelos a prévenu que cette «foi en l'innovation ne devait pas devenir un nouvel oreiller de paresse, comme l'a été jusqu'ici le pétrole.»
L'élu des Verts a souligné que la crise climatique et énergétique devait aussi être abordée en consommant moins et mieux. «Innovation technologique et sobriété énergétique sont les deux faces d'une même pièce», a-t-il dit.
L'EPFL ne va pas s'arrêter à cette nouvelle centrale thermique. «C'est une étape cruciale pour aller plus loin», a déclaré Gisou van der Goot, vice-présidente pour la transformation responsable. Elle a relevé que plusieurs autres projets étaient en cours: alimentation plus locale et durable pour les quelque 18'000 étudiants et collaborateurs, diminution des voyages à l'étranger ou encore végétalisation et piétonisation du campus.
A l'avenir, la centrale thermique pourrait aussi un jour exploiter la compostière située juste à côté, où sont déversés les déchets végétaux des parcs et jardins du campus. Un digesteur pour les restes alimentaires des cafétérias constituerait une étape de plus vers une petite production locale de biogaz. L'EPFL doit présenter en 2023 son Plan climat, qui réunira tous ces éléments.