Rebond post-pandémiqueL'horlogerie suisse tutoie les sommets dans un contexte incertain
lp, ats
26.12.2022 - 11:06
Les exportations horlogères suisses signeront cette année une nouvelle valeur record, à plus de 24 milliards de francs. Le rebond post-pandémique s'est accéléré en dépit des incertitudes économiques et géopolitiques. L'exercice 2023 s'annonce prudemment optimiste.
Keystone-SDA, lp, ats
26.12.2022, 11:06
26.12.2022, 11:07
ATS
«L'évolution n'est pas le fruit du hasard», se réjouit Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH), dans un entretien accordé à Keystone-ATS. Elle se fonde sur un secteur affichant à la fois résilience, capacité d'adaptation et force d'innovation. Sans oublier des produits hautement attractifs.
Ces derniers allient durabilité, avec plusieurs vies, et, au-delà du plaisir de l'achat, constituent un placement dans une valeur-refuge. La performance des exportations en 2022, avec un bond de 11,9% après onze mois, à 22,8 milliards, effacera des tabelles le record de 2021 (22,3 milliards), qui avait effacé de justesse celui de 2014.
Croissance impressionnante
La croissance, «impressionnante» aux yeux de Jean-Daniel Pasche, intervient malgré les reculs relevés tant pour la Chine (-12,8% sur un an) que pour Hong Kong (-9,7%), respectivement deuxième et troisième marché à l'exportation, derrière les Etats-Unis (+27,7%). Vingt-huit des 30 premiers débouchés sont en hausse soutenue.
Le constat vaut également pour les marchés européens (Allemagne, France et Italie) et, tout particulièrement, pour le Royaume-Uni qui fait figure de première destination des montres suisses sur le Vieux Continent depuis 2016 et le vote du Brexit. La confirmation du redémarrage global s'explique notamment par la reprise du tourisme.
«Les gens achètent à nouveau plus de montres dans les aéroports, dans les boutiques hors-taxes», indique le président de la FH. La croissance reflète aussi la dynamique de l'industrie du luxe, 94% de la valeur exportée provenant du haut de gamme. Le tableau d'ensemble rappelle que la branche profite de sa diversification géographique.
Plus de 24 milliards
Au final, les exportations pourraient approcher des 25 milliards de francs, sachant que décembre 2021 avait inscrit 1,9 milliard de produits livrés. En ce qui concerne l'an prochain, Jean-Daniel Pasche se montre prudemment optimiste. «Nous attendons la poursuite d'une tendance positive», dans un contexte toujours incertain.
Guerre en Ukraine, inflation, politique monétaire restrictive, taux de change, crise énergétique et économie chinoise au ralenti constituent autant de défis à relever. Les exportations de montres vers la Russie, 1% du total en 2021 avec 260 millions de francs, ont cessé pratiquement du jour au lendemain après l'éclatement du conflit ukrainien le 24 février.
Pour la Chine, la contraction de 2022, après deux années de fortes hausses, confirme des changements de pratique, notamment la fermeture du pays. Reste que le Nouvel An chinois, le 22 janvier, donnera une solide indication, avance Jean-Daniel Pasche, du point de vue des voyages internes, sur fond de crise Covid persistante.
Bond vers le Qatar
Au centre de l'actualité récente pour avoir accueilli la Coupe du monde de football, le Qatar affiche un bond de 62,2% à fin novembre de ses importations, à 138,8 millions de francs. Une situation qui montre l'attrait de toute la région pour des touristes qui viennent entre autres y acquérir des garde-temps «swiss made».
Au rang des satisfactions, le président de la FH signale le retournement de tendance pour les volumes. Ceux-ci présentent une avancée de 1,7% après onze mois cette année, à 14,47 millions de montres-bracelets au total. Le phénomène profite à l'entrée de gamme (moins de 200 francs prix export) et au haut de gamme (plus de 500 francs prix export).
L'élargissement et l'approfondissement des accords de libre-échange suisses demeurent aussi l'un des chevaux de bataille de la faîtière des entreprises horlogères. Après l'aval donné en votation populaire avec l'Indonésie, Jean-Daniel Pasche espère des avancées avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) et l'Inde.
Quant au Royaume-Uni «après Brexit», il faut continuer de suivre l'évolution du libre-échange et intervenir en cas d'entrave éventuelle, estime celui qui accomplit son dernier mandat à la présidence de la FH. Le nom de son successeur sera annoncé lors de la prochaine assemblée générale du 29 juin à Bienne.