Optimisme L'objectif zéro net d'ici 2050 est  atteignable dans le secteur aérien

kigo, ats

21.2.2024 - 11:25

Le secteur aérien pourra atteindre l'objectif zéro net d'émissions de CO2 d'ici 2050 que la Suisse s'est fixé. Pour ce faire, il doit cependant massivement investir dans la recherche et le développement de mesures techniques, selon un rapport adopté mercredi par le Conseil fédéral.

Le secteur aérien suisse peut atteindre l'objectif zéro net d'émissions de CO2 d'ici 2050 (archives).
Le secteur aérien suisse peut atteindre l'objectif zéro net d'émissions de CO2 d'ici 2050 (archives).
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kigo, ats

Le trafic aérien au départ des aérodromes suisses est aujourd’hui responsable de près de 11% des émissions de gaz à effet de serre de la Suisse. La loi sur la protection du climat, acceptée par le peuple en juin dernier, fixe l'objectif zéro net d'ici 2050, y compris pour le secteur aérien.

Le recours aux carburants d'aviation durables (CAD) constitue la mesure-phare pour réduire les émissions de CO2 fossile, indique le gouvernement dans un communiqué, répondant à un postulat de la commission de l'environnement du National.

Des attentes existent aussi du côté des gains d'efficacité des avions et de leur exploitation. Le rapport salue le fait que l'aviation militaire ait commencé en 2023 à s'approvisionner en CAD et entende accroître sa part au fil des ans.

En revanche, il ne faut pas attendre de miracles de l'électrification des avions et de l'hydrogène, du moins pas avant 2050, selon le rapport.

Mesures existantes ou en bonne voie

Des instruments existent déjà aujourd'hui ou sont en cours d'élaboration pour atteindre les objectifs climatiques. Le système d'échange de quotas d’émissions permet par exemple déjà de limiter les émissions des installations industrielles qui émettent le plus de gaz à effet de serre en fixant préalablement, pour tous ses participants, la quantité maximale de droits d’émission disponibles et donc le volume maximum d’émission de gaz à effet de serre.

La loi sur le CO2 pour la période postérieure à 2024 prévoit aussi de nouveaux instruments pour l’aviation comme l’obligation d’incorporer une part minimale de CAD dans le carburant. Des critères ont par ailleurs été définis qui empêchent ces carburants d’avoir des effets indésirables sur l’environnement et de concurrencer la production de denrées alimentaires et de fourrages. De nouveaux mécanismes d'encouragement sont aussi prévus.

Ces instruments permettent au transport aérien d’internaliser en partie ses coûts externes, au prix d’un renchérissement du billet d’avion. Cela permet de réduire la demande, ce qui a un effet bénéfique pour le climat. Une coordination entre pays est aussi nécessaire au sujet de mesures qui touchent le transport aérien international.

La loi sur le CO2 pour la période postérieure à 2024 joue un rôle décisif. De futures révisions devront suivre.

Défis

La Confédération place le transport aérien suisse sur une trajectoire de réduction de 70% de ses émissions de CO2. Mais le zéro net d’émissions d’ici 2050 ne sera pas atteint sans recours au captage et au stockage du CO2 (technologies d’émission négative), note le rapport. Entre 10% et 23% des émissions de CO2 du transport aérien devront être compensées par le recours à ces technologies d’émission négative (NET).

Le parcours est toutefois semé d’embûches, souligne le rapport. Les CAD et les NET sont très gourmands en matières premières et en énergie provenant de sources renouvelables si bien que l’aviation est ici en concurrence avec d’autres secteurs. De plus, le potentiel des NET est actuellement limité.

Le calendrier ambitieux retenu représente un autre défi. Pour que l’aviation atteigne la neutralité CO2 d'ici 2050, les mesures doivent être prises sans tarder. Cela aura un impact sur l’environnement et l’économie, conséquences qu’il y aura lieu de limiter autant que possible. La clé réside dans le financement des mesures qui doit être suffisant et intervenir en temps et en heure.

Encore au stade de recherche

Le rapport relève encore que la problématique ne s'arrête pas aux émissions de CO2 mais doit aussi prendre en compte d'autres effets de l’aviation sur le climat comme ceux induits par les trainées de condensation. Ces effets, que les CAD permettraient justement d’atténuer, font actuellement encore l’objet de recherches.

La neutralité CO2 de l’aviation est fortement conditionnée aux nouvelles technologies. Celles-ci étant souvent au stade de la recherche et du développement, il est encore difficile d’évaluer avec précision leur potentiel et leurs coûts.