Commerce et développement L'ONU vante le commerce chinois

ATS

26.9.2018 - 19:04

La CNUCED souhaite que la réforme de l'OMC valorise les succès de la Chine plutôt que d'empêcher la généralisation de cette politique (archives).
La CNUCED souhaite que la réforme de l'OMC valorise les succès de la Chine plutôt que d'empêcher la généralisation de cette politique (archives).
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Les discussions actuelles pour une réforme de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ne vont pas dans la bonne direction, selon l'ONU. L'une de ses agences appelle à répliquer le modèle chinois plutôt qu'à le stigmatiser.

"Le système multilatéral est en crise", a déclaré devant la presse à Genève le directeur de la division sur la globalisation à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) Richard Kozul-Wright. "Mais les tensions commerciales sont un symptôme de causes plus larges", des questions liées à l'emploi aux salaires stagnants.

Les Etats-Unis ont lancé ces derniers mois des taxes à l'importation de certains produits, notamment chinois. Ils ont justifié cette mesure par des violations de Pékin en terme de propriété intellectuelle et par les contraintes de transfert de technologies pour l'accès des entreprises américaines au marché chinois.

Le président américain Donald Trump a menacé de sortir de l'OMC sans une vaste réforme. L'UE a ensuite proposé des pistes qui s'en prennent à la question des transferts de technologies forcés sans mentionner la Chine.

Or, cette discussion actuelle n'arrangera rien, selon M. Kozul-Wright. Ceux qui la portent cherchent surtout à bloquer une généralisation des politiques chinoises, "qui ont permis de sortir 500 millions de personnes de la pauvreté". "Si le système commercial doit aboutir à des résultats inclusifs et durables", les règles actuelles n'y arriveront pas, dit le responsable.

Autre charte pour le commerce

"Pourquoi le monde avancé tente-t-il d'empêcher d'autres pays de répéter les succès de la Chine?", se demande-t-il. Il dénonce une certaine "hypocrisie" dans les reproches lancés à Pékin. Dans les années 1960, les pays européens recouraient aussi au transfert de technologies ou des entreprises publiques. Ces dispositifs "semblent ne plus être acceptables aujourd'hui", dit le responsable.

Dans son Rapport sur le commerce et le développement, la CNUCED appelle à "repenser le système multilatéral" du commerce mondial. "Les solutions de repli sur soi ne permettent pas d'aller de l'avant", affirme le secrétaire général Mukhisa Kituyi. Pour rendre le multilatéralisme "opérationnel", la CNUCED appelle à une Charte de La Havane du 21e siècle, en référence au texte de 1948 précurseur d'un système commercial international.

Contrairement à l'OMC, ce dispositif misait sur la collaboration plutôt que sur la concurrence. Dans l'environnement actuel, les Etats doivent lier les négociations commerciales à un engagement en faveur du plein emploi, réglementer les abus des entreprises et oeuvrer pour les Objectifs de développement durable (ODD), estime la CNUCED. Et prendre en compte de nouvelles données comme le changement climatique.

Le commerce "est un jeu des grandes entreprises" qui ont provoqué des inégalités, déplore M. Kozul-Wright. En moyenne, le 1% supérieur des groupes exportateurs abonde à plus de la moitié des exportations d'un pays. Autre reproche, les accords de libre-échange actuels portent surtout sur des questions de propriété intellectuelle et des subventions et contraignent les pays en développement, selon M. Kozul-Wright.

Inquiétude sur le numérique

Et l'agence onusienne met en garde contre le possible renforcement des inégalités avec les pays moins riches en raison du numérique. Les grandes sociétés de la branche ont étendu leurs affaires à un rythme "sans précédent" en aussi peu de temps, fait remarquer M. Kozul-Wright.

Une collaboration et un cadre réglementaire sur la propriété mais aussi le contrôle et la protection des données devront être établis. L'UE a tenté d'avancer. Mais les discussions sont "difficiles" à l'OMC, admet la secrétaire générale adjointe de la CNUCED Isabelle Durant.

Parmi les 25 entreprises technologiques les plus capitalisées sur les marchés, seules trois sont chinoises, quatre dans le reste de l'Asie et une est africaine. Cette situation "en dit long" sur le poids des plus grands, selon Mme Durant. Le rapport conclut que les investissements en terme d'infrastructures ne suffiront pas pour les pays en développement s'ils souhaitent bénéficier de l'économie numérique.

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