La pression monteL'UE vise un embargo progressif sur le pétrole russe
ATS
4.5.2022 - 12:03
L'Union européenne va intensifier sa pression sur Moscou avec une interdiction progressive des importations de pétrole et de nouvelles sanctions afin de «faire payer le prix fort» à Vladimir Poutine pour sa guerre contre l'Ukraine, a annoncé mercredi la présidente de la Commission européenne.
Keystone-SDA
04.05.2022, 12:03
04.05.2022, 12:05
ATS
Le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien affiché de la guerre contre l'Ukraine, figure au nombre des nouvelles personnalités sur la liste noire de l'UE avec la famille du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov et de nombreux militaires soupçonnés de crimes de guerre à Boutcha, selon la proposition consultée par l'AFP.
«Nous adressons ainsi un autre signal fort à tous ceux qui mènent la guerre du Kremlin: nous savons qui vous êtes, et vous devrez rendre compte de vos actes», a lancé Ursula von der Leyen lors de la présentation des grandes lignes de ce sixième train de sanctions aux députés européens réunis à Strasbourg.
La proposition a été transmise dans la nuit de mardi à mercredi aux Etats membres appelés à la valider. Elle doit être approuvée à l'unanimité. Des noms peuvent être retirés et des propositions atténuées, a-t-on expliqué de source diplomatique.
L'objectif affiché est une entrée en vigueur pour la célébration de la 72ème journée de l'Europe le 9 mai. Cette date est également célébrée en Russie comme le «jour de la Victoire» sur l'Allemagne nazie.
La Commission préconise «une interdiction de tout le pétrole russe, brut et raffiné, transporté par mer et par oléoduc», a expliqué Mme von der Leyen. Les sanctions frappent également le secteur financier avec l'exclusion de la plus importante banque russe, la Sberkank, qui représente 37% du marché, et de deux autres établissements du secteur interbancaire international Swift.
«Pas facile»
«Ce ne sera pas facile», a reconnu la présidente de l'exécutif européen. Mais «Poutine doit payer le prix fort pour sa brutale agression», a-t-elle affirmé sous les applaudissements. L'UE a déjà décidé de cesser ses achats de charbon et a trouvé d'autres fournisseurs aux Etats-Unis pour un tiers de ses achats de gaz russe.
L'arrêt des importations de pétrole sera «progressif et ordonné, de manière à mettre en place d'autres voies d'approvisionnement et réduire au minimum l'impact (de cette décision) sur les marchés mondiaux», a-t-elle affirmé.
«L'UE devrait renoncer aux livraisons de brut dans les six mois et de produits raffinés d'ici la fin de l'année», a précisé Mme von der Leyen.
Plusieurs pays sont «fortement dépendants», a-t-elle reconnu. Une dérogation est proposée pour permettre à la Hongrie et à la Slovaquie de poursuivre leurs achats à la Russie jusqu'à fin 2023, car ces deux pays sont enclavés et totalement dépendants des livraisons par l'oléoduc Droujba faute de connexions avec le reste de l'UE, ont précisé à l'AFP deux responsables européens.
Choix politiques lourds de conséquences
La Hongrie a regretté mercredi l'absence de «garantie» pour sa sécurité énergétique. «Chaque nouveau paquet de sanctions contre la Russie est plus difficile à adopter car il impose des choix politiques à chaque Etat membre. L'unanimité est nécessaire et rien n'est garanti pour son adoption», a souligné un des responsables européens.
Les Européens se sont engagés en mars lors d'un sommet à se défaire «progressivement» et «dès que possible» de leur dépendance au gaz, au pétrole et au charbon russes.
En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE. Elle fournit annuellement 150 milliards de m3 de gaz.
«Diversifier les sources, les approvisionnements et les bouquets énergétiques prend du temps et nécessite des infrastructures», souligne Eric Maurice, directeur de la Fondation Schuman à Bruxelles.
Mais les achats européens financent l'effort de guerre de la Russie, a rappelé mardi le président du conseil italien Mario Draghi devant le Parlement européen.
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, les importations européennes de gaz, pétrole et charbon ont rapporté 44 milliards d'euros au Kremlin, indique une étude du Crea, un centre de réflexion basé en Finlande. Les quatre principaux acheteurs sont l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et la France.