La Banque nationale suisse (BNS) a pris les devants de ses grandes consoeurs – la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) – en amorçant jeudi la phase d'assouplissement monétaire tant attendue par les marchés. Les perspectives d'inflation, en nette baisse, ont encore été rabotées.
L'institut d'émission a décidé de ramener son taux directeur à 1,5%, contre 1,75% précédemment, rompant avec le statu quo monétaire observé depuis septembre 2023 et à la grande surprise de la majorité des observateurs.
Cette décision «tient compte de l'atténuation de la pression inflationniste et de l'appréciation du franc en termes réels enregistrée l'année écoulée», a souligné la banque centrale helvétique dans un communiqué, estimant que «la lutte contre l'inflation au cours des cinq derniers semestres a été efficace». Cet abaissement du taux directeur «soutient la croissance», a-t-elle ajouté, insistant que la BNS «reste par ailleurs disposée à être active au besoin sur le marché des changes».
Après cinq resserrements monétaires opérés à partir de juin 2022, qui ont fait passer le taux directeur de la BNS de -0,75% à +1,75% en juin 2023, la banque centrale suisse avait opté fin septembre dernier pour un premier statu quo monétaire, réitéré en décembre.
L'inflation n'a cessé de refluer ces derniers mois en Suisse, passant de 1,7% en décembre à 1,3% en janvier et à 1,2% en février. Les prix à la consommation sont donc nettement dans les clous de l'objectif de stabilité des prix de 0% à 2% défendu par la BNS. Et c'est nettement moins que les 2,6% enregistrés en février dans la zone euro et les 3,2% inscrits le même mois aux Etats-Unis.
Vers une hausse modérée de la croissance
La BNS est par ailleurs optimiste quant à l'évolution future des prix. Elle table cette année sur une inflation de 1,4%, alors qu'elle s'attendait à 1,9% jusqu'ici. Le ralentissement du renchérissement de certaines catégories de biens s'est révélé plus marqué que prévu. Pour 2025, l'inflation est attendue à 1,2%, contre 1,6% lors du pointage précédent.
Le président de la BNS, Thomas Jordan, qui a récemment annoncé son départ fin septembre, n'en baisse pas pour autant la garde. «L'incertitude demeure relativement forte. C'est pourquoi nous continuerons de surveiller attentivement l'évolution de l'inflation et adapterons à nouveau, si nécessaire, notre politique monétaire», a-t-il averti lors d'une conférence de presse.
Cette annonce intervient, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé mercredi de maintenir une fois de plus ses taux au plus haut depuis plus de vingt ans, les taux au jour le jour restant entre 5,25% et 5,50%.
La Banque centrale européenne (BCE) a adopté début mars la même attitude attentiste, le taux sur les dépôts, qui fait référence, ayant été maintenu à son plus haut historique de 4%.
La BNS se veut également relativement optimiste pour la croissance économique helvétique. En 2024, elle cible une progression du produit intérieur brut (PIB) d'environ 1%, contre une fourchette de 0,5% à 1,0% auparavant.
Cette attente de croissance atone s'explique par la faiblesse de la demande extérieure et par l'appréciation du franc en termes réels enregistrée l'année dernière.Le risque principal pour la croissance helvétique est de voir la conjoncture mondiale fléchir plus fortement que prévu. Mais pour l'heure, la banque centrale suisse table une croissance mondiale modérée.
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Le rachat forcé du Credit Suisse par l'UBS, orchestré par le Conseil fédéral, a déjà un an. A l'époque, la place financière suisse vivait des jours dramatiques.
18.03.2024