Politique monétaireLa BoE muscle son programme anti-crise
ATS
18.6.2020 - 16:13
La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi son taux d'intérêt directeur et musclé son programme de rachat d'actifs pour tenter de soutenir l'économie britannique dans le contexte économique «exceptionnellement incertain» de la pandémie de coronavirus.
L'institut monétaire a dévoilé jeudi sa décision d'augmenter de 100 milliards de livres son programme d'achat d'obligations d'Etats, portant à 745 milliards (plus de 880 milliards de francs) ses injections pour soutenir l'économie.
Cette décision était attendue car lors de la dernière réunion en mai, deux des neuf membres composant le Comité de politique monétaire (MPC) s'étaient déjà prononcés en faveur d'une telle augmentation, et le gouverneur Andrew Bailey avait donné des indices allant en ce sens.
Cette fois, ils ont été huit à voter pour le renforcement de ce programme anti-crise, qui avait déjà été augmenté de 200 milliards de livres au début de la pandémie en mars.
Cette politique d'assouplissement quantitatif («quantitative easing» ou QE) consiste à racheter de la dette et injecter ainsi des liquidités dans l'économie, dans l'optique de stimuler l'activité. Ces rachats massifs contribuent également à maintenir au plus bas le taux auquel s'endette le gouvernement pour financer ses mesures d'aide.
En revanche, le taux d'intérêt directeur fixé par la Banque d'Angleterre (BoE), abaissé en mars à 0,1%, un plancher historique, a été maintenu à l'unanimité des membres du MPC. Une décision là aussi attendue par le marché, même si les spéculations autour d'un taux négatif sont allées bon train ces dernières semaines.
Dans un premier temps, la livre a réagi en effaçant une partie de ses pertes du début de la séance face à l'euro et au dollar, avant de revenir peu ou prou à son niveau précédant les annonces de la banque.
Tout en soulignant que les prévisions économiques demeuraient «exceptionnellement incertaines», l'institution a estimé que la chute de l'activité au deuxième trimestre au Royaume-Uni sera «moins sévère qu'attendu» en mai grâce à des chiffres signalant une reprise de la consommation et des services. Elle avait alors prédit un effondrement de la production de 25%.
Prudence sur la reprise
Le contexte reste cependant difficile avec une économie percutée de plein fouet par les mesures instaurées pour enrayer la pandémie – confinement et fermeture des frontières. En outre, l'organisme national des statistiques (ONS) a révélé jeudi que 12,5 millions de personnes disent avoir souffert financièrement de l'impact économique de la pandémie.
«Il y a un risque de chômage plus élevé et persistant», a d'ailleurs averti l'institution, qui souligne que «même avec l'assouplissement des mesures de restrictions liées au Covid-19 et à l'activité économique, un certain degré de précaution devrait persister dans les comportements (de consommation)«.
L'économie et le marché du travail vont donc mettre du temps à retrouver leur trajectoire» d'avant la pandémie, a ajouté la BoE.
En outre, l'inflation est tombée en mai à 0,5% sur un an, un niveau plus vu depuis juin 2016, loin des 2% visés par la BoE. Et elle pourrait même tomber plus bas, a alerté l'institut monétaire.
Lors de ses prévisions de mai, la Banque d'Angleterre avait indiqué s'attendre à un rebond du PIB de 15% en 2021, après un effondrement de 14% en 2020. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre a signalé fin mai que la reprise économique risquait d'être «plus longue et plus difficile» qu'anticipé.
Pour l'instant, les consignes en vigueur fixent à deux mètres la distance nécessaire entre chaque personne pour éviter les risques de contamination. Mais le gouvernement fait l'objet de pressions pour qu'il réduise cette distance afin de donner un coup de pouce aux bars, restaurants et hôtels, dont la réouverture est prévue début juillet.
Si la situation sanitaire semble s'améliorer au Royaume-Uni, le pays reste le plus endeuillé d'Europe, avec plus de 40'000 victimes, et le troisième au niveau mondial, derrière les Etats-Unis et le Brésil.
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