Coronavirus La course au vaccin bat son plein

ATS

4.5.2020 - 14:41

Ursula von der Leyen a lancé un téléthon mondial
Ursula von der Leyen a lancé un téléthon mondial
Source: KEYSTONE/AP/Francois Lenoir

Un téléthon mondial est organisé à Bruxelles avec l'ambition de lever 7,5 milliards d'euros pour financer la recherche d'un vaccin et des traitements contre le coronavirus. L'initiative est contrariée par l'absence des Etats-Unis.

Un vaccin est «notre meilleure chance collective de vaincre le virus», prévient la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, organisatrice de ce téléthon. La pandémie a déjà frappé 3,5 millions de personnes, dont 1,5 million en Europe, et tué près de 250'000 malades, dont 143'000 en Europe, selon les décomptes réalisés par l'AFP.

Gouvernements, philanthropes, dirigeants d'entreprises et célébrités ont été sollicités. Une quarantaine de pays et une vingtaine d'organisations ont répondu à l'appel et vont annoncer leurs engagements au cours d'un «marathon en ligne».

Mais l'initiative est contrarié par l'absence des Etats-Unis. Le président Donald Trump est en conflit ouvert avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et affiche sa volonté de voir les Etats-Unis se doter d'un vaccin pour la fin de l'année.

Le ministre allemand de la santé Jens Spahn est dubitatif. Il estime que la mise au point et le développement d'un vaccin pourrait «durer des années». La stratégie solitaire de l'administration américaine suscite des regrets. «L'Union européenne a répondu favorablement à une demande d'action globale. Les Etats-Unis ont refusé. Ce sont eux qui s'isolent», a déploré un responsable européen.

«Mais nous travaillons de manière très étroite avec des entités américaines très puissantes, comme la fondation de Bill et Melinda Gates qui ont une énorme puissance financière et beaucoup d'influence», a-t-il souligné. «Nous ne sommes qu'au début d'un processus. Nous espérons que le gouvernement américain va rejoindre l'effort commun», a-t-il conclu.

Bataille

«Nous devons développer un vaccin, le produire et le déployer dans tous les coins du monde. Et nous devons le rendre disponible à des prix abordables», plaide Ursula von der Leyen dans son appel aux dons.

«Il faut éviter la fragmentation des efforts», soutiennent ses collaborateurs. «Un seul objectif, un seul toit»: voila ce que nous défendons, ajoutent-ils. Or, les intérêts en jeu sont énormes et les géants de l'industrie pharmaceutique se livrent déjà à une forte concurrence.

La première conséquence du cavalier seul américain pourrait être une accélération des rivalités dans la course au vaccin, ce que redoutaient les Européens. «Les États-Unis espèrent gagner la guerre du vaccin et sont prêts à mettre toutes leurs forces dans la bataille», souligne Isabelle Marchais dans une note publiée lundi par l'Institut Jacques Delors.

Le gouvernement allemand a dû intervenir en mars pour stopper des approches, pilotées par la Maison Blanche, de rachat de la société biopharmaceutique allemande CureVac, après l'annonce de résultats sur une «technologie prometteuse pour développer un vaccin contre le coronavirus». Plus de 100 projets de recherche sont actuellement menés dans le monde, dont huit sont déjà au stade des essais cliniques aux Etats-Unis, en Chine et en Europe, précise Isabelle Marchais.

«Compte tenu des enjeux de la pandémie actuelle, certaines entreprises, notamment américaines et chinoises, sont prêtes à lancer la production avant la fin des essais cliniques afin d'être les premières à commercialiser le vaccin», souligne l'analyste.

«S'ils perdent la bataille, les Européens pourraient alors se retrouver en situation de faiblesse face aux Américains ou aux Chinois», met-elle en garde. «A contrario, si un vaccin est produit par l'Europe et en Europe, on peut imaginer que cette dernière sera prioritaire tout en étant en mesure de planifier une distribution dans les pays tiers», explique-t-elle.

Sur les 7,5 milliards d'euros escomptés à l'issue du téléthon, 4 milliards sont destinés au développement d'un vaccin, 2 aux traitements et 1,5 à la fabrication de tests, indique la Commission. Les fonds collectés seront dirigés vers des institutions spécialisées comme le CEPI et le GAVI (l'Alliance du vaccin) dans le cadre d'un «effort conjoint» pour produire et développer un vaccin.

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