ClimatLa finance investit toujours dans le charbon
ATS
6.12.2019 - 00:18
De groupes financiers à travers le monde ont apporté 745 milliards de dollars de financement ces trois dernières années à 258 entreprises développant des projets d'usines à charbon, selon des données fournies jeudi par les ONG environnementales Urgewald et BankTrack.
Celles-ci ont comptabilisé différents types de financements (prêts, émissions d’actions et obligations) accordés par les acteurs financiers entre janvier 2017 et septembre 2019 à ces entreprises, toutes répertoriées ainsi que leurs financeurs sur une vaste base de données gérée par Urgewald.
Elles constatent que, depuis début 2017, 307 banques commerciales ont prêté directement 159 milliards de dollars à ces entreprises promotrices du charbon, une énergie parmi les plus polluantes. Au total, il existe ainsi plus de 1000 projets de centrales ou unités de production de charbon qui, s'ils se concrétisaient, ajouteraient 570 gigawatt au parc mondial de centrales à charbon, l'augmentant de 28%, déplorent ces ONG environnementales dans un communiqué.
Les banques japonaises taclées
Les trois principaux prêteurs sont les banques japonaises Mizuho, Mitsubishi UFJ Financial group et Sumitomo Mitsui banking corporation, devant la banque américaine Citigroup et la première banque française BNP Paribas. Les ONG relèvent que les banques japonaises représentent environ un tiers des prêts accordés à ces 258 entreprises et les banques européennes 26%.
«Les grandes banques européennes comme BNP Paribas et Barclays excluent le financement direct de projets pour les nouvelles centrales au charbon, (elles) continuent d'accorder des prêts aux entreprises qui (les) font avancer», dénonce Greig Aitken, responsable de la campagne climat pour BankTrack.
La banque, qui a annoncé récemment son désengagement du secteur du charbon d'ici 2030 dans l'Union Européenne et 2040 dans le reste du monde, demeure «le 22e plus gros financeur au monde de ces entreprises sur cette période» avec 8,8 milliards de dollars au total, émissions de titres inclus, dénonce-t-elle. Sollicité par l'AFP, BNP Paribas conteste ces chiffres, affirmant avoir «cessé de financer tout nouveau projet de centrale au charbon depuis 2017».
La banque ajoutant qu'elle n'est pas exposée aux 258 sociétés mentionnées par les ONG. «Le groupe n'a en en fait qu'une relation commerciale avec une dizaine d'entre elles au plus», précise-t-elle
Les ONG taclent aussi le groupe espagnol Santander, sponsor de la COP25 organisée à Madrid. Le mastodonte ibérique, qui s'est engagé à ne plus financer directement le charbon, a accordé 655 millions de dollars en 2018 et 2019 à trois entreprises (PGE, Tauron et Energa) pour installer 5,7 gigawatt de production charbon supplémentaire en Pologne.
Présence chinoise et américaine
En outre, 300 banques ont versé plus de 585 millions de dollars à ces promoteurs du charbon via l’émission de titres, poursuivent les associations. Ici, ce sont les grandes banques chinoises qui ont été les principaux émetteurs de titres, avec notamment Industrial and Commercial Bank of China et Ping An Insurance Group. De prestigieux établissements britanniques comme HSBC, Standard Chartered, Barclays et RBS y ont aussi nettement participé.
La plupart de ces grandes banques «reconnaissent les risques du changement climatique mais leurs actes sont une gifle à l'accord de Paris sur le climat», fustige Greig Aitken de BankTrack.
Les ONG n'épargnent pas non plus les investisseurs, qui achètent les titres mis sur le marché par les banques. En 2019, plus de 1900 investisseurs institutionnels détenaient 276 milliards de titres liés au développement de projets charbon. Le gestionnaire d'actifs américain BlackRock est ici en tête, devant le fonds de pension et d'investissement du gouvernement japonais et les fonds d'investissement américains Vanguard et Capital.
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