Mea culpaLa Pharmacie de l'armée reconnaît avoir été dépassée au début
vf, ats
11.2.2021 - 13:14
La Pharmacie de l'armée n'était pas prête à faire face à l'énorme défi logistique qu'a représenté l'épidémie de Covid au printemps 2020. Des fautes ont été commises, a reconnu jeudi son chef Daniel Aeschbach. Mais l'approvisionnement a été dans l'ensemble assuré.
Face aux nombreuses critiques sur l'approvisionnement de matériel, en particulier les masques, la Pharmacie de l'armée a répondu par une conférence de presse à Berne. Dans l’ensemble, elle estime avoir rempli sa mission. «A aucun moment, il n’y a eu de lacunes d’approvisionnement dont le système de santé aurait souffert», indique-t-elle.
Jusqu'alors, elle travaillait exclusivement pour l’armée et l’administration fédérale. Mais dans le cadre de la lutte contre la pandémie, le Conseil fédéral s'est tourné vers elle car c'est l'unique unité de la Confédération à détenir une licence pour le commerce de gros de médicaments et les certifications nécessaires pour l’acquisition de biens médicaux.
Elle a ainsi été chargée de nouvelles tâches: assurer la livraison de produits comme des masques, des habits de protection, des désinfectants, des respirateurs aux cantons et aux établissements de santé à titre subsidiaire. Depuis décembre, elle est aussi responsable de la réception, du stockage et de la distribution des vaccins à tous les cantons.
Mal anticipé
«Nous avons certainement fait des erreurs dans divers domaines et nous avons également mal anticipé», a déclaré Werner Dreyer, chef du suivi de la Base logistique de l'armée. Il s'agit d'analyser où les dysfonctionnements ont eu lieu. La Pharmacie de l'armée tirera les conclusions qui s'imposent.
Les problèmes à surmonter ont en effet été énormes. D’un jour à l’autre, le volume des acquisitions est passé de 16 millions de francs à un chiffre 150 fois plus élevé.
La pharmacie de l'armée a dû en quelques mois commander 550 millions de masques et a pu en acheter 302 millions dont 94% sont parfaitement conformes, a illustré le divisionnaire Thomas Kaiser, chef de la Base logistique de l'armée (BLA). Aujourd'hui, la Suisse devrait disposer d'un stock de 130 millions de pièces.
M. Kaiser a clairement imputé cette urgence au manque de préparation en amont: «Comme la Confédération, les cantons et les citoyens n'ont pas réussi à constituer des stocks, le mandat est revenu à la Pharmacie de l'armée. Ce n'était pas prévu ainsi.»
Quant à savoir si les masques ont été achetés trop cher, un audit du Département fédéral de la défense le dira. Il s'agit de clarifier trois points: si le prix était conforme au marché, si la qualité était standard et quelles étaient les conditions des fournisseurs.
Problème informatique
La Pharmacie de l'armée a aussi dû faire face à un système informatique dépassé. Avant d'être subordonnée à la base logistique de l'armée, en mai dernier, elle fonctionnait avec un système fermé. Le transfert informatique au sein de la BLA a été réalisé au plus mauvais moment, en pleine pandémie. Il aurait fallu commencer plus tôt, a admis Daniel Aeschbach, chef de la Pharmacie de l'armée.
Les problèmes ne tenaient pas seulement à l'armée, ont souligné les intervenants. Tout le marché mondial était sous la pression de la demande. Conséquence: les délais de livraison ont parfois pris plus de temps que prévu. Pour négocier les contrats, l'armée a même envoyé un émissaire en Chine parlant le mandarin.
Mission remplie
Malgré ces multiples problèmes et la complexité des tâches à accomplir, la Pharmacie de l’armée a réussi à se procurer le matériel sanitaire en quantité et en qualité suffisantes.
Pour les vaccins, 806'025 doses ont été stockées et 775'425 livrées aux cantons, a déclaré Werner Dreyer, chef du suivi de la Base logistique de l'armée. «Toutes les commandes ont été traitées dans les délais», a-t-il souligné. La coopération avec les autorités s'est très bien déroulée, selon lui.
Renforcer le personnel ?
Interrogé sur un éventuel renforcement du personnel, Thomas Kaiser estime la question prématurée: «Nous devons d'abord clarifier avec la Confédération et les cantons qui est responsable de quoi, avec quelles compétences et quels moyens». Ce n'est qu'une fois ces questions résolues qu'on identifiera les besoins en personnel.
Mais la Pharmacie a besoin de plus de spécialistes. «Il faudra encore des exercices pour obtenir une organisation robuste, résiliente et durable», a déclaré le divisionnaire Kaiser. Dans un souci de transparence, l'armée a publié sur son site plusieurs documents relatifs à l'acquisition de biens médicaux.