France Lafarge en Syrie: la justice se prononce

ATS

24.10.2019 - 04:35

Dans cette affaire hors norme, Lafarge SA, propriétaire de Lafarge Cement Syria (LCS), est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via cette filiale, près de 13 millions d'euros à des groupes djihadistes, dont l'organisation Etat islamique (EI) (archives).
Dans cette affaire hors norme, Lafarge SA, propriétaire de Lafarge Cement Syria (LCS), est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via cette filiale, près de 13 millions d'euros à des groupes djihadistes, dont l'organisation Etat islamique (EI) (archives).
Source: KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI

Près d'un an et demi après avoir été inculpé pour «financement du terrorisme» et «complicité de crimes contre l'humanité» en Syrie le cimentier français Lafarge sait jeudi si la justice valide ces poursuites. Celui qui a fusionné avec le suisse Holcim nie les faits.

La Cour d'appel de Paris a examiné le 20 juin les requêtes déposées par le groupe ainsi que celles de trois dirigeants – L'ex-PDG Bruno Lafont, son ancien directeur sûreté Jean-Claude Veillard et l'un des ex-directeurs de la filiale syrienne, Frédéric Jolibois – pour obtenir la nullité de leur mise en examen (inculpation). Dans ce dossier, huit cadres ou dirigeants au total ont été mis en examen pour «financement du terrorisme» et/ou «mise en danger».

L'information judiciaire a été ouverte en juin 2017, un an après des révélations du journal Le Monde. Fin 2016, Bercy puis les ONG Sherpa et du Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'Homme (ECCHR) avaient saisi la justice.

En juin 2018, Lafarge était à son tour poursuivi pour «complicité de crimes contre l'humanité», «financement du terrorisme», «violation d'un embargo» et «mise en danger de la vie» d'anciens salariés de son usine de Jalabiya (nord).

Maintien de l'activité

Dans cette affaire hors norme, Lafarge SA, propriétaire de Lafarge Cement Syria (LCS), est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via cette filiale, près de 13 millions d'euros à des groupes djihadistes, dont l'organisation Etat islamique (EI), et à des intermédiaires afin de maintenir l'activité de son site en Syrie, alors que le pays s'enfonçait dans la guerre.

Le groupe est également suspecté d'avoir vendu du ciment de l'usine au profit de l'EI et d'avoir payé des intermédiaires pour s'approvisionner en matières premières auprès de factions djihadistes.

Si l'existence de remise de fonds à des «groupes armés» est ressortie d'un rapport d'enquête interne, Lafarge SA conteste toute responsabilité dans la destination de ces versements à des organisations terroristes. Elle rejette aussi les accusations de «complicité de crimes contre l'humanité». La firme remet par ailleurs en doute la fiabilité de l'enquête.

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