En Suisse Le coût de la vie creuse les inégalités sociales

bu, ats

23.5.2024 - 11:23

Le coût de la vie renforce les inégalités sociales en Suisse, selon une étude. Alors que les 10% des personnes aux revenus les plus élevés consacrent en moyenne 31% de ceux-ci pour les dépenses de la vie quotidienne, ce chiffre atteint 82% en moyenne pour les 10% des personnes les plus pauvres.

Le coût de la vie pèse de plus en plus lourd sur les moins fortunés (photo prétexte).
Le coût de la vie pèse de plus en plus lourd sur les moins fortunés (photo prétexte).
ATS

23.5.2024 - 11:23

Les données de trois millions de personnes vivant en Suisse ont été analysées pour cette enquête réalisée par la Haute école spécialisée bernoise (BFH) et l'Université de Berne et publiée dans la revue «Social Change Switzerland», a indiqué jeudi le Centre de compétence suisse en sciences sociales (Fors), basé à l'Université de Lausanne.

«L'analyse du coût de la vie est importante - en particulier dans un pays cher comme la Suisse», écrivent les chercheurs. Mais jusqu'à présent, aucune étude de ce type n'était disponible. Or on observe en Suise depuis 2021 une augmentation du niveau des prix avec des taux de croissance annuels compris entre 1 et 3,5%.

Le poids des primes de l'assurance maladie

Les dépenses incompressibles comprennent les dépenses courantes, le logement, l'assurance maladie et les impôts. Les impôts directs et les réductions de primes ne compensent que très partiellement cette augmentation, relèvent les chercheurs.

Les primes d'assurance maladie pèsent particulièrement lourd dans la balance. Alors que le décile (les 10%) le plus riche n'y consacre que 3% du revenu du ménage, le décile le plus pauvre en dépense 21%, dont seul un tiers est compensé par des réductions de primes.

Or depuis 1997, les coûts réels des primes moyennes d’assurance maladie a augmenté de 140% , selon les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique, tandis que la réduction des primes n’a été que de 41%.

Loyers en hausse

Les loyers n'épargnent pas non plus le portemonnaie des Suisses. À long terme, on remarque également une hausse constante des loyers, écrivent les chercheurs, lesquels ne sont pas pris en compte dans le calcul des inégalités de l’OFS.

Entre 2016 et 2023, les loyers ont certes augmenté d’environ 8%, mais dans un contexte de baisse des taux d’intérêt de référence, ce qui a compensé l’augmentation du coût du logement. Le taux hypothécaire de référence a doublé en 2023, ce qui va se traduire mécaniquement par de nouvelles augmentations des loyers.

Enfin, selon l’Administration fédérale des contributions, la charge fiscale est, depuis 1984, restée constante pour les revenus modestes ou moyens, avec environ 13% du revenu annuel. Par contre dans le même temps, une baisse a été observée pour les revenus très élevés (à partir d’un million), passant de près de 39% à 32,5%. Les dernières décennies montrent donc que l’allègement a été inégal sur le plan des impôts.

L'indice de Gini augmente

Pour quantifier dans quelle mesure ces différences contribuent aux inégalités, les chercheurs ont utilisé ce que l'on appelle l'indice de Gini. Celui-ci est une mesure de l'inégalité d'une distribution, développée par le statisticien Corrado Gini. Le coefficient de Gini prend la valeur 100 en cas d'inégalité absolue de la distribution et la valeur 0 en cas d'égalité de la distribution.

Si l'on considère uniquement la répartition des revenus en Suisse, on obtient, selon l'étude, un coefficient de Gini de 31,3 points. Si l'on inclut le coût de la vie, ce coefficient augmente de 10,9 points.

Quant aux effets de disparité liés aux impôts directs et aux primes d’assurance maladie, les inégalités ont augmenté de 26 à 30 points de Gini de 2001 à 2021.

Environ 45% de la population suisse active

Pour leurs calculs, les chercheurs ont utilisé les données de l'Office fédéral de la statistique sur le coût de la vie et les données fiscales des cantons d'Argovie, de Berne, de Genève, de Lucerne, de Saint-Gall et du Valais pour l'année 2015, qui avaient été préparées en conséquence pour une autre étude.

Selon leurs propres indications, les chercheurs ont ainsi pu représenter la situation financière d'environ 45% de la population suisse de moins de 65 ans.

bu, ats