Energie Le faible niveau du Rhin pénalise les prix du carburant

ATS

12.8.2022 - 15:08

Les prix du pétrole, qui ont flambé avec la guerre en Ukraine, sont nettement retombés ces derniers jours. Mais les automobilistes continuent de payer le prix fort aux stations-services, notamment en raison du faible niveau du Rhin qui limite les importations de carburant en Suisse.

La sécheresse persistante fait baisser de plus en plus le niveau du Rhin, la navigation n'est possible que dans une mesure limitée.
La sécheresse persistante fait baisser de plus en plus le niveau du Rhin, la navigation n'est possible que dans une mesure limitée.
KEYSTONE

Alors que le baril de Brent se situait encore autour de 88 dollars début février, son prix s'est envolé fin février avec l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe pour culminer à 129 dollars début mars. Depuis, les 159 litres (soit un baril) de cet or noir de la Mer du Nord ont évolué en dents de scie pour s'établir vendredi midi à 99,84 dollars.

A la pompe, les conducteurs doivent cependant toujours débourser plus de 2 francs par litre d'essence. La raison invoquée pour ces prix toujours élevés pour le consommateurs final est le faible niveau du Rhin, par lequel transitent depuis le port néerlandais de Rotterdam jusqu'à Bâle les barges chargées de carburant. Avec la canicule estivale, le niveau de ce grand fleuve est tombé à 500 centimètre, contre 700 centimètres il y a un an.

Les barges naviguant sur le Rhin ne peuvent donc transporter qu'un quart de leur chargement habituel, explique Ramon Werner, patron du réseau de stations-services Oelpool. Les coûts du transport depuis Rotterdam vers Bâle ont par ailleurs bondi en l'espace d'un an de 20-30 francs par tonne à 260 francs, ce qui pénalise d'autant plus les prix des carburants.

Selon les Ports rhénans suisses, environ 75% de l'essence et du diesel vendus dans la Confédération proviennent de l'étranger et un tiers des produits pétroliers transite par le port fluvial de Bâle.

Des raffineries à pleine capacité

Au premier semestre 2022, les volumes ont par ailleurs chuté de 43% comparé à l'année dernière. «Avec la guerre en Ukraine, de nombreux navires sont utilisés en Allemagne pour le transport de charbon», a indiqué une porte-parole des Ports rhénans à l'agence AWP. Des barges sont par ailleurs employées pour convoyer des céréales sur le Danube, faisant chuter les moyens de fret disponibles et augmenter davantage le coût du transport, a-t-elle ajouté.

Les raffineries de pétrole tournent quant à elles à pleine capacité. Selon l'association des importateurs de combustibles et carburants Avenergy Suisse, il manque en Europe des capacités de raffinage d'un million de barils par jour, ce qui pénalise également les prix.

Afin que les tarifs à la pompe baissent, trois choses fondamentales doivent changer, estime M. Werner. «En premier lieu, il faut des pluies abondantes» pour que le Rhin retrouve son niveau habituel et permette de transporter de plus grandes quantités de marchandises.

La sécurité de l'approvisionnement, mise à mal avec la guerre en Ukraine, doit par ailleurs s'améliorer avec de nouvelles sources d'approvisionnement plus sûres venant remplacer la Russie, sous le coup d'un embargo international. M. Werner enfin également que les capacités de raffinage en Europe doivent retrouver un fonctionnement plus stable.

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