Hydrocarbures Le pétrole en attente de la prochaine vague de sanctions

vj

23.3.2022 - 09:03

Les cours du pétrole se montraient hésitants mercredi, après avoir nettement progressé lors des séances précédentes. Alors que le baril de Brent de la mer du Nord progressait, celui de WTI américain cédait du terrain, investisseurs et négociants attendant d'en savoir plus jeudi sur un nouveau train de sanctions envers la Russie, après l'invasion de l'Ukraine.

Peu avant 08h30, les 159 litres de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai progressait de 0,6% à 116,18 dollars, après s'être négociés la veille à 115,48 dollars. (image d'illustration)
Peu avant 08h30, les 159 litres de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai progressait de 0,6% à 116,18 dollars, après s'être négociés la veille à 115,48 dollars. (image d'illustration)
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Keystone-SDA, vj

Peu avant 08h30, les 159 litres de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai progressait de 0,6% à 116,18 dollars, après s'être négociés la veille à 115,48 dollars. Ils avaient gagné près de 18% lors des trois séances précédentes.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en mai, il cédait 1,7% à 109,84 dollars, après avoir fléchi la veille, dernier jour de cotation pour les livraisons en avril, de 0,3% à 111,76 dollars.

«Les opérateurs attendent de savoir quelles actions vont arriver» à l'issue du déplacement en Europe du président américain Joseph Robinette Biden, selon Edward Moya, analyste d'Oanda. À l'occasion de ce déplacement, les Occidentaux vont annoncer jeudi «de nouvelles sanctions contre la Russie et renforcer» les mesures existantes, a expliqué mardi le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

Le chef de l'État américain va, par ailleurs, «annoncer une action commune pour renforcer la sécurité énergétique de l'Europe» et réduire sa dépendance envers le gaz russe, a ajouté le conseiller, alors que les membres de l'Union européenne (UE) débattent depuis plusieurs jours d'un possible embargo sur le pétrole russe. «Je ne pense pas que l'Union européenne va parvenir à un accord pour suspendre tous les achats de pétrole russe», a toutefois anticipé Andy Lipow, du cabinet Lipow Oil Associates.

Selon l'expert, «il y a encore des pays qui (en) sont trop dépendants et n'ont pas beaucoup d'alternatives pour le remplacer.» Mardi, le groupe français TotalEnergies a indiqué qu'il cesserait tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes «au plus tard à la fin de l'année». Le désengagement de l'Europe tout entière «va prendre des années», prévoit Andy Lipow.

Incertitudes renforcées

Pour Louise Dickson, du cabinet Rystad Energy, même sans embargo strict, les nouvelles sanctions pourraient tout de même renforcer l'incertitude sur les livraisons de pétrole russe. La crainte de ce durcissement, associée au risque en termes d'image, a déjà fait chuter les volumes acheminés vers l'Europe.

«Deux économies majeures, Chine et Inde, achètent toujours du pétrole russe et cela devrait mettre un terme au récent rebond des prix», a estimé Edward Moya. «Maintenant que la Russie est obligée de baisser ses prix pour pouvoir vendre, je pense que la Chine et l'Inde vont augmenter leurs achats et que cela va entraîner une grande redistribution des cartes», renchérit Andy Lipow, qui estime que deux millions de barils par jour environ pourraient, à terme, changer de destination.

La Chine et l'Inde réduiraient ainsi leur demande vis-à-vis de certains autres fournisseurs, notamment le Moyen-Orient, qui pourraient alors servir davantage l'Europe, selon l'analyste.