HydrocarburesLe pétrole se reprend après son repli
vj
11.3.2022 - 10:11
Après le recul subi jeudi, les prix du pétrole rebondissaient vendredi. Ils demeuraient cependant bien loin des niveaux records de plus de 130 dollars le baril affichés en début de semaine, alors que l'offensive russe en Ukraine s'enlise désormais, après quinze jours de combats.
Keystone-SDA, vj
11.03.2022, 10:11
ATS
Peu avant 08h45, le baril de Brent de la mer du Nord, référence de l'or noir en Europe, pour livraison en mai, se négociait à 111,86 dollars, en hausse de 2,31%. Jeudi soir, les quelque 159 litres de pétrole avaient fléchi à 109,33 dollars, sur des marchés toujours très volatils. En l'espace d'une semaine, ils ont fléchi de 7,66%, non sans avoir frôlé lundi soir les 140 dollars, un niveau proche du record absolu de 147,50 dollars atteint en juillet 2008.
Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en avril, il notait à 108,08 dollars, en progrès de 1,94%, après avoir fléchi la veille au soir à 106,02 dollars. Sur sept jours, il s'est replié de 8,27%, mais a bondi de respectivement 13,49% et 61,73% en variations mensuelle et annuelle.
Le cours du gaz européen de référence, le TTF néerlandais, s'inscrivait en baisse de 1,11% à 125 euros le mégawattheure (MWh). Lundi il avait flambé à un record de 345 euros le MWh.
Volumes russes entièrement livrés
Jeudi, le président russe Vladimir Poutine a insisté sur le fait que «tous les volumes» étaient livrés à l'Europe comme ailleurs et que même le «système de transport de gaz de l'Ukraine est rempli à 100%». Ce réseau de gazoduc constitue l'une des artères gazières clé pour approvisionner le continent européen, dont 45% des importations de gaz proviennent de Russie, avec toutefois de notables différences selon les pays.
Selon M. Poutine, dès lors, l'envolée des cours du gaz et du pétrole sur les marchés mondiaux n'a rien à voir avec la Russie, alors que les prix atteignent des sommets depuis que les forces russes sont entrées en masse en Ukraine. «Le risque de nouvelles perturbations reste élevé», estime toutefois Craig Erlam, analyste pour Oanda, «en particulier avec de nouvelles sanctions à venir qui rendront la vie plus difficile à la Russie et aux entreprises moins désireuses de faire des affaires avec elle».
Mercredi, le Royaume-Uni a exhorté l'ensemble des pays du G7 à «mettre fin à leur utilisation de pétrole et gaz russes», à l'instar de Londres et de Washington, en riposte à l'invasion de l'Ukraine. L'offre de brut reste toujours très tendue. Jeudi, les Emirats arabes unis ont affirmé qu'ils allaient respecter les engagements d'augmentation très graduelle pris dans le cadre de l'alliance des pays exportateurs Opep+ (Opep et ses alliés) qui comprend la Russie.
«Les Emirats croient à la valeur qu'apporte l'Opep+ au marché du pétrole. Nous sommes engagés vis-à-vis de l'accord au sein de l'Opep+ et du mécanisme actuel d'ajustement mensuel de la production», a tweeté jeudi le ministre émirati de l'Énergie et des Infrastructures, Souheil al-Mazrouei. La veille, l'ambassadeur des Emirats à Washington, Youssef Al Otaïba, s'était pourtant dit favorable à une augmentation de la production, une lueur d'espoir pour freiner l'envolée des cours de l'or noir.
Incertitudes
Des messages contradictoires qui «laissent le marché dans l'incertitude quant à leur position réelle sur la question, ce qui crée des conditions susceptibles d'entraîner une plus grande volatilité des prix», commente Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. Pour Daniel Ghali de TD Securities, ces tensions au sein de l'Opep+ ont ôté jeudi la prime de risque incluse dans les cours car elles laissent entrevoir «un signe potentiel» d'une augmentation de la production.
Les pays exportateurs de pétrole sont sollicités pour freiner l'envolée des prix du brut attisée par la guerre en Ukraine, notamment après la décision des Etats-Unis et du Royaume-Uni d'arrêter d'importer du pétrole de Russie (deuxième plus grand exportateur de brut au monde, derrière l'Arabie saoudite) en riposte à l'invasion de l'Ukraine. «Les Emirats arabes unis n'agiront pas de leur propre chef pour augmenter la production de pétrole», estime Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank.
Lors de leur dernière rencontre, les pays de l'Opep+ s'en étaient tenus à une hausse modeste de leur production, malgré la flambée des prix. Une plus forte augmentation pourrait toutefois être décidée lors de la prochaine réunion de l'alliance, le 31 mars, selon l'analyste.