Genève
Le Pakistan veut attirer l'investissement suisse grâce à son arrimage au projet chinois d'infrastructures One Belt One Road. En revanche, si un accord de libre-échange avec l'AELE pourrait être discuté à terme, aucune des deux parties ne semble pressée de négocier.
Le Pakistan est connecté au projet chinois par un corridor économique (CPEC) qui doit moderniser les infrastructures de ce pays, ses transports et son secteur énergétique. "Nous attendons 48 milliards de dollars (46,8 milliards de francs) d'investissement chinois en dix ans", a dit dans un entretien accordé lundi soir à l'ats à Genève le vice-ministre du commerce Mohammad Younus Dagha, après un comité mixte AELE-Pakistan.
"Nous pensons que nos partenaires internationaux ont une bonne opportunité" de faire partie de cette filière. "La Suisse a un important avantage technologique" et ABB, déjà présent, devrait étendre ses affaires alors que "le Pakistan cherche à supprimer son déficit énergétique", ajoute-t-il.
Nestlé est le principal acteur suisse et a étendu son dispositif de l'eau aux produits laitiers, mais Novartis ou Roche sont aussi sur place. Le groupe vaudois pourrait même trouver de nouveaux marchés, affirme M. Younus. Le Pakistan, où 60% des employés sont actifs dans l'agriculture, n'arrive à exploiter que 7% de sa production laitière, l'une des plus importantes au monde.
Près de 600 millions de francs avec l'AELE
Avec une croissance de 5,3% en 2016 et des prévisions de 6% pour 2017, le Pakistan s'affiche comme lien entre quatre régions économiques dans le monde. Son volume commercial avec les quatre pays de l'Association européenne de libre-échange (AELE) atteint 588 millions de dollars, dont plus de 80% avec la Suisse.
Les exportations suisses s'élèvent à près de 370 millions de dollars dans des secteurs comme l'industrie pharmaceutique, les machines, l'horlogerie ou le commerce d'armes légères. Et les importations depuis le Pakistan s'établissent à 125 millions, dont 80% portent sur le textile. Mais le potentiel commercial entre les deux pays est bien plus important, estime M. Younus.
Lundi, les représentants de l'AELE et du Pakistan se sont retrouvés pour la première fois depuis la déclaration conjointe de 2012. "Nous aurions dû nous rencontrer plus tôt", déplore le vice-ministre. Le scénario de réunions plus fréquentes a d'ailleurs été acté, de même que le souhait d'intensifier les relations économiques.
Volume en hausse avec l'UE
Pour autant, des discussions sur un accord de libre-échange ne semblent pas prévues prochainement. Ce type d'arrangement "est un mécanisme parmi d'autres", relève M. Younus qui mentionne un intérêt mais ajoute que l'AELE mène déjà une dizaine de négociations actuellement.
Le moment venu, l'absence de production pharmaceutique au Pakistan devrait permettre d'éviter les blocages sur la propriété intellectuelle observés avec l'Inde. "Nous avons des conditions favorables" sur cette question, affirme l'ambassadeur pakistanais auprès de l'Organisation commerciale du commerce (OMC) Syed Tauqir Shah.
Par ailleurs, le Pakistan bénéficie du dispositif européen GSPplus de suppression de barrières douanières en cas d'engagement en matière de droits de l'homme. Les exportations de ce pays vers l'Union européenne (UE) ont augmenté de près de 40% en 3 ans.
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