Chemins de fer Le patron des CFF monte au front

ATS

19.1.2019 - 07:18

La mise en service des 62 trains à deux étages du constructeur Bombardier est "un accouchement aux forceps", affirme le patron des CFF Andreas Meyer (archives).
La mise en service des 62 trains à deux étages du constructeur Bombardier est "un accouchement aux forceps", affirme le patron des CFF Andreas Meyer (archives).
Source: KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE

La liberté d'achat des CFF est déjà très restreinte, affirme samedi le patron de l'entreprise Andreas Meyer qui se dit contre d'autres exigences politiques. Au coeur de cette prise de parole, les problèmes "persistants" du nouveau train à deux étages "FV-Dosto".

Les pannes et autres ajournements liés à la mise en service des trains à deux étages du constructeur canadien Bombardier sont récemment devenus un problème politique. La commission des transports du Conseil national s'est saisie du dossier mardi se disant "extrêmement préoccupée" par les nombreuses défaillances des nouvelles rames. Elle exige dans cette optique des réponses claires des responsables en février.

"Nous avons déjà un corset juridique très strict sur de tels achats, tout est réglé dans les moindres détails et constitue une grosse charge de travail administrative", anticipe Andreas Meyer dans un entretien accordé aux journaux de "CH Media". Il ne voit d'ailleurs pas de quelle manière on pourrait encore restreindre la liberté d'acquisition des CFF.

Le constructeur est responsable

Dans l'interview, Andreas Meyer maintient aussi les critiques formulées par son entreprise à l'encontre de Bombardier, la semaine dernière. Le patron des CFF le dit clairement, problèmes techniques et retards sont de la faute du constructeur canadien. Ce dernier est responsable, car il s'est engagé à fournir ce matériel, explique-t-il en substance.

Aujourd'hui Andreas Meyer ne peut pas dire quand les 62 trains commandés seront opérationnels. A l'origine la mise en service était prévue pour 2013. Et de ponctuer: "c'est un accouchement aux forceps".

Au total, ce contrat, qui est aussi la plus importante transaction de l'histoire des CFF, porte sur 1,9 milliard de francs. Un tiers du paiement a été réglé et sécurisé avec des garanties bancaires, détaille, M. Meyer. Une demande de dédommagements n'est "pour le moment" pas à l'ordre du jour. Mais il souligne aussi que "le contrat que nous avons signé avec Bombardier est un contrat strict assorti d'amendes dépassant l'ordinaire". Il ne donne en revanche pas davantage de détails sur le sujet.

Faute partagée

Interrogé vendredi par le groupe CH-Media, le directeur général de Bombardier Suisse Stéphane Wettstein défend le "FV-Dosto". Dans cet entretien, il reconnaît que les problèmes liés principalement aux portes et aux marches électriques coulissantes sont "énervants", mais note qu'ils n'affectent pas la sécurité. "Nous sommes persuadés que nous serons bientôt en mesure d'établir une exploitation stable en collaboration avec les CFF", souligne-t-il. Lui non plus n'articule aucune date précise.

Contrairement à Andreas Meyer, Stéphane Wettstein estime que Bombardier n'est pas responsable de tous les problèmes. Selon lui, si une partie provient bien du matériel roulant, une autre est liée au réseau ferroviaire. "Tous ces problèmes peuvent être résolus, mais il faut du temps", explique-t-il. Certains ajustements ne peuvent se faire qu'une fois le train introduit sur le réseau, selon lui.

Soixante-deux "FV-Dosto" destinés aux grandes lignes ont été commandés à Bombardier en 2010. Les livraisons auraient dû intervenir dès 2013. Pour l'heure, seules douze rames circulent depuis décembre sur la ligne InterRegio Bâle-Zurich-St-Gall-Coire. Et selon les CFF, des lacunes persistantes ont été responsables à maintes reprises d'annulations et de retards de trains.

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