Coronavirus Le secteur britannique du détail souffre

ATS

22.5.2020 - 10:37

Même tardif, le confinement a creusé des sillons dans le secteur du détail outre-Manche en avril, taillant des croupières dans les ventes de vêtements. (archive)
Même tardif, le confinement a creusé des sillons dans le secteur du détail outre-Manche en avril, taillant des croupières dans les ventes de vêtements. (archive)
Source: KEYSTONE/EPA/DANIEL DEME

Les ventes de détail ont enregistré un plongeon record de plus de 18% en avril au Royaume-Uni à cause des mesures de confinement pour lutter contre la pandémie de coronavirus, avec un effondrement de plus de moitié pour les achats de vêtements.

C'est une forte accélération sur un mois de la chute des ventes, qui avaient déjà dégringolé de 5,2% en mars comparé à février, alors que la période n'incluait que la première semaine du confinement instauré le 23 mars au Royaume-Uni, alors qu'il est resté en vigueur pendant tout le mois d'avril, indique vendredi le Bureau national des statistiques (ONS).

Parallèlement l'ONS a annoncé vendredi que les emprunts publics (à l'exclusion des banques nationalisées) en avril se sont élevés à 62,1 milliards de livres (près de 70 milliards d'euros), soit 51,1 milliards de plus qu'il y a un an.

«C'est le niveau d'emprunt le plus élevé jamais enregistré» depuis le début de ces statistiques en 1993, précise l'ONS, en raison d'un arsenal de mesures gouvernementales pour limiter l'impact économique de la pandémie de coronavirus tandis que les recettes fiscales chutaient avec le coup de frein brutal à l'activité économique.

La dette publique britannique – hors banques publiques – atteignait fin avril 1.887,6 milliards de livres, soit une augmentation de 118,4 milliards et un bond de 17,4% sur un an. Elle représente 97,7% du PIB, a indiqué vendredi le Bureau national des statistiques.

Tous les secteurs de l'économie ont enregistré une chute des ventes en avril, vu la fermeture généralisée des magasins hors alimentation ou considérés comme essentiels.

Même les ventes alimentaires ont reculé en avril (-4%), car après une envolée record des achats dits «de panique» avant le confinement et la constitution de stocks, les ménages se sont moins rendus dans ces magasins restés ouverts, d'autant que les mesures sanitaires avec limitation du nombre de personnes à l'intérieur entraînaient de longues files d'attente.

Trou du coronavirus

Le secteur de l'habillement a été particulièrement frappé (-50% en volume), après avoir déjà dévissé de 34% le mois précédent. Le patron de la chaîne de mode à bas prix Next avait noté dès le début du confinement que «les gens n'achètent pas une nouvelle tenue pour rester à la maison».

Les stations d'essence ont également souffert particulièrement (-52%) à cause de l'interdiction des déplacements. En revanche, les ventes en ligne enregistrent une hausse record de 18%, et les achats d'alcool ont progressé (+,2,3%), notamment parce que les pubs et restaurants étaient fermés.

«Le fond a probablement été atteint en avril étant donné que certains magasins ont commencé à réouvrir partiellement en mai. La consommation pourrait plonger de 25% au deuxième trimestre comparé au premier, ce qui serait un peu mieux que les 30% que nous avions envisagé», remarque la maison de recherche Capital Economics dans une note.

«Le plongeon de 18,1% des ventes de détail et l'envolée de 62,1 milliards de livres des emprunts publics en avril montre la taille du trou que le confinement pour lutter contre le coronavirus va laisser dans l'économie, et combien le gouvernement a dépensé jusqu'à présent pour éviter qu'il soit encore plus gros», ajoute-t-elle.

Pour Howard Archer, économiste de EY Item Club, «les fondamentaux à court terme pour les dépenses de consommations ont pris un tournant très baissier à cause du coronavirus».

«Beaucoup de gens ont déjà perdu leur emploi malgré les mesures gouvernementales de soutien à l'emploi tandis que d'autres craignent de le perdre» une fois que ces mesures d'urgence seront interrompues» et se montrent donc prudents dans leurs dépenses, ajoute M. Archer qui table sur une contraction de 15% du PIB au deuxième trimestre.

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