Banque Les banques privées ont profité des revenus d'intérêt l'an dernier

cw

26.6.2024 - 16:36

Les banques privées suisses ont connu une forte croissance en 2023 grâce à une augmentation de leurs revenus d'intérêt, selon une étude de KPMG. Ce sont surtout les petits établissements qui ont vu leurs recettes augmenter.

A plus long terme, 20 des 90 banques privées que compte aujourd'hui la Suisse pourraient disparaître, selon une étude de KPMG. (archives)
A plus long terme, 20 des 90 banques privées que compte aujourd'hui la Suisse pourraient disparaître, selon une étude de KPMG. (archives)
ATS

Keystone-SDA, cw

En 2023, les revenus des banques privées suisses ont augmenté de 3% par rapport à l'année précédente, à plus de 20,5 milliards de francs. L'étude a porté sur 73 sociétés et a été publiée mercredi.

La croissance des recettes est notamment due à l'augmentation des revenus d'intérêts, qui ont augmenté de 26,5% par rapport à l'année précédente. En revanche, les activités de commissions ont légèrement diminué, avec des revenus en baisse de 4%.

«La question se pose désormais de savoir à quel point la situation était exceptionnelle en 2023», a déclaré Philipp Rickert, responsable des services financiers chez KPMG Suisse, lors de la présentation de l'étude.

Les petites banques favorisées

Les revenus d'intérêts ont stimulé l'an dernier la rentabilité, surtout des petites banques privées. Leurs revenus ont augmenté de 20% et leur bénéfice brut de deux tiers, à 528 millions de francs. Les institutions de taille moyenne ont également pu en profiter et réaliser une croissance de leur chiffre d'affaires de 10%. Leur bénéfice brut a augmenté de 27% à 817 millions.

Toutefois, il n'en est pas allé de même pour les grandes banques privées. En raison du déclin des opérations de commissions, leurs revenus totaux ont stagné. En fin de compte, leur bénéfice brut a chuté de 8%, à 4,4 milliards de francs. «Comme ces grandes banques ont souvent de gros clients avec un pouvoir de négociation important, elles doivent généralement leur payer des taux d'intérêt plus élevés que les petites banques», ont constaté les experts de KPMG.

Malgré cette évolution positive, il est nécessaire d'agir, selon Christian Hintermann, expert chez KPMG. Avec la deuxième baisse du taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS) cette année, les baisses des taux d'intérêt des autres banques centrales et l'augmentation des réserves obligatoires de la BNS, les revenus d'intérêts vont diminuer. En revanche, les charges d'intérêts sont susceptibles d'augmenter.

Augmentation des actifs

Les actifs gérés par les banques privées en Suisse ont légèrement augmenté en 2023 pour atteindre près de 3000 milliards de francs. La principale raison en est un afflux net d'argent frais de 67 milliards de francs. Les grands établissements ont connu une croissance des nouveaux fonds de 2,8%, les banques de taille moyenne, de 1,8%, et les petites banques, de 1,4%. «Beaucoup n'ont probablement pas atteint leurs propres objectifs. Ceux des grandes banques privées en matière de croissance d'argent frais se situent souvent entre 3 et 6%», a déclaré Christian Hintermann.

L'embauche massive de conseillers à la clientèle suite à la fusion entre UBS et Credit Suisse n'a apparemment eu que peu d'impact l'année dernière. Toutefois, cela n'est pas très surprenant pour les experts de KPMG. «Il faut généralement des mois avant que les conseillers à la clientèle nouvellement embauchés puissent convaincre certains de leurs anciens clients de changer», a affirmé Christian Hintermann.

En 2023, à part la reprise de Credit Suisse par UBS, il n'y a pas eu de rachats ni de fusions dans le secteur de la banque privée. L'exception a été la vente de la filiale italienne de Julius Bär, Kairos, à l'italien Anima Holding. À mesure que la vague des taux d'intérêt «s'aplatit», les experts de KPMG estiment que la pression en faveur d'une consolidation va encore augmenter.

La situation risque cependant de changer à nouveau: plusieurs rachats de banques privées ont eu lieu cette année dans l'Union européenne. A plus long terme, Christian Hintermann estime que 20 des 90 banques privées que compte aujourd'hui la Suisse pourraient disparaître.