Coronavirus Les pompes funèbres s'adaptent à la crise

ATS

5.4.2020 - 12:34

Faire son deuil est particulièrement compliqué depuis le début de la crise du coronavirus. Les cérémonies funéraires dans la stricte intimité et, surtout, l'impossibilité de faire ses adieux à l'hôpital ou en EMS accentuent la souffrance des proches.

«C'est une période très difficile», reconnaît Edmond Pittet, directeur des Pompes funèbres générales à Lausanne. «Nous devons être plus proches que jamais des familles, notamment pour les rassurer», dit-il, interrogé par Keystone-ATS.

M. Pittet souligne que les personnes décédées du Covid-19 sont traitées de la même manière que les autres. «Les directives de l'Office fédéral de la santé publique sont claires. Le virus ne se transmet pas après la mort», explique-t-il.

Des mesures radicales ont toutefois dû être prises par les entreprises de pompes funèbres, et notamment pour le nombre de personnes tolérées lors des cérémonies. Le maximum est fixé à dix proches, parfois à moins selon les communes. «C'est un peu le flou. On s'adapte de cas en cas pour respecter toutes les règles», relève M. Pittet.

Cérémonie à distance

Certaines entreprises proposent désormais de filmer les services funéraires pour les retransmettre en direct sur internet ou pour en faire un DVD. Pour un même décès, plusieurs cérémonies sont parfois organisées à la suite, avec à chaque fois dix personnes.

«Il faut être créatif», admet M. Pittet. «Cela vaut aussi pour les familles qui font preuve de ressources extraordinaires. Elles inventent constamment de nouveaux rituels», observe-t-il.

Pour le directeur des Pompes funèbres générales, ces cérémonies restreintes ne constituent toutefois pas le principal problème à l'ère du Covid-19. «La souffrance majeure vient de l'incapacité à faire des adieux à la personne» lorsqu'elle se trouve à l'hôpital ou en EMS, explique-t-il.

Dernier adieu

Après plus de 40 ans de pratique, M. Pittet juge «capital» de pouvoir «recueillir le dernier souffle» d'un proche dans un environnement de vie, même si c'est une chambre d'hôpital. Son entreprise propose ainsi d'installer quelque temps le défunt sur un lit, plutôt que de le mettre immédiatement dans un cercueil.

«Nous essayons de reconstituer les derniers instants de vie, de proposer quelque chose de plus humain qu'un cercueil. Celui-ci a quelque chose de définitif, d'impressionnant».

La cadence s'accélère

M. Pittet constate que la cadence des décès s'accélère depuis le mois de mars. Vendredi, son entreprise avait recueilli 65 personnes victimes du Covid-19 sur la centaine que compte le canton de Vaud. «Cela reste gérable», affirme-t-il néanmoins.

«Nous nous préparons depuis février et l'arrivée du virus en Europe. Nous avons par exemple pris contact avec un menuisier qui serait apte à fabriquer rapidement plusieurs cercueils si le nombre de décès devait bondir», ajoute-t-il.

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