Médicaments Les rabais secrets sur les médicaments ont des effets pervers

uc, ats

17.2.2021 - 13:32

Les entreprises pharmaceutiques et les autorités négocient fréquemment des rabais secrets sur les médicaments, également en Suisse. Cette pratique a des effets pervers, comme le montre une étude de chercheurs zurichois: elle peut retarder l'accès des patients à certaines thérapies ou même renchérir les prix.

Les entreprises pharmaceutiques et les autorités négocient fréquemment des rabais secrets sur les médicaments, également en Suisse. (Image symbolique)
Les entreprises pharmaceutiques et les autorités négocient fréquemment des rabais secrets sur les médicaments, également en Suisse. (Image symbolique)
KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS

L'équipe de Kerstin Noëlle Vokinger, à l'Université de Zurich (UZH), a analysé les données relatives à 51 médicaments ayant fait l'objet de tels rabais en Suisse entre 2012 et 2020. La palette des prix du traitement était comprise entre 3000 et 35'000 francs par mois et le rabais, lorsqu'il était connu, oscillait entre 4% et 58%.

Un peu moins d'un tiers de ces produits affichait une utilité clinique élevée, la moitié une utilité basse. Cela montre que des rabais ne sont pas uniquement consentis sur des médicaments novateurs, alors que c'est un des arguments utilisés pour justifier cette stratégie, souligne l'UZH mercredi dans un communiqué.

En outre, en Suisse, la procédure de fixation du prix dure bien plus longtemps en cas de rabais confidentiel, en moyenne 302 jours, contre 106 pour une procédure normale, selon l'étude. Les patients doivent donc attendre leur traitement plus longtemps.

Le système des rabais secrets peut même avoir pour conséquence des prix plus élevés à moyen terme, selon les chercheurs. Pour la fixation des prix, les pays européens effectuent généralement des comparaisons avec l'étranger. Mais pour la négociation de rabais, c'est le prix «officiel» plus élevé qui fait référence.

«Ce manque de transparence croissant ne sert ni la société ni le patient», conclut la Pre Vokinger, citée dans le communiqué. La Suisse entend pourtant ancrer ces rabais dans la révision de la loi sur l'assurance maladie.

Sur les 51 médicaments étudiés, 32 étaient des traitements contre le cancer. Ces travaux sont publiés dans la revue médicale britannique The Lancet Regional Health – Europe.

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