Industrie Les salariés de Thyssenkrupp aux abois

ATS

16.10.2020 - 08:10

Au deuxième trimestre 2020, le groupe né de la fusion de Thyssen et Krupp en 1999 et qui emploie 64'000 personnes en Allemagne, a enregistré une perte nette historique de près d'un milliard d'euros. (archives)
Au deuxième trimestre 2020, le groupe né de la fusion de Thyssen et Krupp en 1999 et qui emploie 64'000 personnes en Allemagne, a enregistré une perte nette historique de près d'un milliard d'euros. (archives)
Source: KEYSTONE/DPA/ROLF VENNENBERND

Déjà affaibli par la crise de l'acier, le conglomérat allemand Thyssenkrupp se débat avec les effets de la pandémie au point d'envisager toutes les options, dont une entrée de l'Etat à son capital.

Pour le syndicat IG Metall, une nationalisation partielle de ce fleuron industriel est indispensable: il appelle vendredi les salariés de la division acier à manifester à Düsseldorf (ouest) pour exiger un sauvetage par Berlin.

Thyssenkrupp, dont la gamme de produits s'étend des sous-marins aux composants automobiles en passant par les bobines d'aciers, a déjà annoncé en début d'année la suppression de 10% de ses effectifs dans la branche sidérurgie, lourdement déficitaire.

Mais la pandémie de Covid-19 a aggravé la situation financière, et les syndicats craignent des réductions de postes supplémentaires.

Au deuxième trimestre 2020, le groupe, qui emploie 64'000 personnes en Allemagne, a enregistré une perte nette historique de près d'un milliard d'euros.

En début de semaine, la présidente du groupe, Martina Merz, a affirmé que la participation de l'Etat pouvait être «une option pour l'avenir».

L'Etat allemand est déjà entré, en juin, au capital du groupe aérien Lufthansa, à hauteur de 9 milliards d'euros, soit 20% des parts, pour le sauver de la faillite.

Mais pour Thyssenkrupp, les autorités allemandes sont sceptiques. «Les problèmes de l'industrie de l'acier ne peuvent être en première ligne résolus par une participation de l'Etat», a prudemment répondu le ministère de l'Economie.

Crise profonde

Car les difficultés que traverse le géant de la Ruhr, né de la fusion des deux groupes centenaires Thyssen et Krupp en 1999, a des racines plus profondes.

La surcapacité mondiale de l'acier, encouragée notamment par la Chine, a fait plonger les prix mondiaux ces dernières années, et l'ensemble du secteur a souffert en Europe.

Thyssenkrupp a été plombé l'an dernier par l'échec de sa fusion dans l'acier avec l'indien Tata, après le refus du gendarme européen de la concurrence.

Le fleuron industriel comptait sur la vente de sa lucrative activité ascenseurs, en février, pour 17,2 milliards d'euros, pour retrouver des liquidités. C'était sans compter sur les effets de la pandémie.

Thyssenkrupp a donc annoncé en mai un nouveau plan de réorganisation, affirmant chercher des «partenaires» dans sa division acier, son activité historique.

Selon l'hebdomadaire Spiegel, des discussions se poursuivent avec Tata et avec le groupe suédois SSAB. Le magazine a affirmé jeudi qu'un nouveau venu, le groupe britannique Liberty Steel, s'apprête à faire une offre.

La vente partielle ou complète de la branche acier ferait tomber cet empire industriel «dans l'insignifiance», explique le Spiegel selon lequel la présidente du groupe continue de plaider pour «une solution allemande».

Encourager l'acier «vert»

Le groupe a déjà reçu un milliard d'euros de prêts garantis par Berlin, à travers sa banque publique KFW.

La direction de Thyssenkrupp discute avec les représentants de l'État fédéral et les autorités du Land de Rhénanie-du-nord-Westphalie, où se situe son siège, pour trouver une solution.

Les autorités privilégient pour le moment des mécanismes d'aides plus classiques, comme des subventions, permettant d'assurer la compétitivité future de l'entreprise.

«Il serait plus judicieux d'encourager la production d'acier vert, plutôt que de prendre une participation dans l'entreprise», a ainsi affirmé le président de la région Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Armin Lashet jeudi.

L'Allemagne a adopté en juillet un plan destiné à rendre son secteur sidérurgique «neutre en carbone» à horizon 2050. Ce «verdissement» permettrait d'améliorer la compétitivité hors prix de l'acier allemand, estiment les autorités.

«De l'argent public devra être utilisé (...) pour cette transformation», affirme à l'AFP le ministère de l'Economie.

Berlin a déjà mis en route en juin un plan de 9 milliards d'euros pour développer l'hydrogène «vert», basé sur des énergies renouvelables, qui pourra profiter en partie au secteur.

L'acier aura besoin de «30 milliards d'euros d'ici 2050, et 10 milliards d'ici 2030» pour devenir neutre en carbone, selon des chiffres du secteur. Depuis 2010, la production d'acier allemand a chuté de 10%.

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