Activité physique Les salles de fitness planchent sur de nouveaux modèles d'affaires

md

8.3.2021 - 13:13

Les salles de fitness vivent des heures difficiles depuis l'éclatement de la pandémie de coronavirus il y a plus d'un an, certaines luttant pour leur survie. Tout le secteur a été forcé de se remettre en question, de réfléchir sur l'avenir du sport en salle et de trouver des solutions, parfois originales, tel que le montrent les spécialistes interrogés par AWP.

Keystone-SDA, md

Avec le confinement, les jeunes seniors se cantonnent à 1500/2000 pas quotidiens., contre les 10'000 recommandés tous les jours (image d'illustration).
Avec le confinement, les jeunes seniors se cantonnent à 1500/2000 pas quotidiens., contre les 10'000 recommandés tous les jours (image d'illustration).
KEYSTONE

Les chiffres de la Fédération suisse des centres de fitness et de santé (SFGV) montrent que les 420 entreprises actives dans ce domaine, qui emploient au total plus de 30'000 collaborateurs, ont réalisé un chiffre d'affaires de 1,46 milliard de francs en 2020. A deux reprises depuis l'année dernière, elles ont été contraintes de fermer leurs portes: de mars à juin, lors du premier confinement, puis vers mi-décembre à ce jour.

Dans ce contexte, la fondation alémanique pour la protection des consommateurs (Stiftung für Konsumentenschutz) a passé à la loupe le secteur: 90% des 243 salles de fitness se sont adaptées pour offrir à leurs membres des exercices par le biais de la Toile.

Bryan Svensson, entraîneur personnel et ancien boxeur thaï, n'a pas attendu l'éclatement de la crise pour rendre visite à sa clientèle et lui faire faire des exercices à domicile: «je l'ai toujours fait», affirme-t-il. Il y a quelques semaines, il a complété son programme par des exercices online. «À l'exception du son qui n'est pas toujours bien entendu par tous, le retour de la clientèle est bon», constate-t-il.

Heureusement qu'il y a les exercices en ligne, sinon les affaires seraient vraiment difficiles, admet-il. A l'avenir, l'online va persévérer car il permet de gagner du temps à la fois pour le coach et le client, mais a clairement ses limites.

Les limites des applications de sports

Pour la chaîne internationale de fitness Kieser Training, la situation est complètement différente. «Nous développons de manière constante notre modèle commercial en intégrant des technologies numériques, des applications telles que celles utilisées en physiothérapie et en mettant sans cesse au point de nouvelles solutions pour nos clients, qui sont âgés en moyenne de 60 ans. Nous travaillons par exemple sur une machine pour trouver une solution aux problèmes d'épaules», explique Patrik Meier, son responsable opérationnel.

Le problème avec les applications dans le domaine du sport c'est qu'une fois qu'elles sont téléchargées les usagers les utilisent une fois, deux fois, trois fois puis c'est fini, ils ne les utilisent plus, remarque l'expert de Kieser.

Les studios de fitness qui s'adressent à une clientèle jeune, doivent attirer l'attention avec de nouvelles offres et applications chaque année. Ce n'est pas le cas chez Kieser Training, dont le modèle commercial repose sur la fidélité des clients grâce à une forte orientation vers la santé.

10'000 pas par jour

Les médecins recommandent de marcher 10'000 pas par jour. Le problème, c'est qu'avec le confinement les jeunes seniors se cantonnent à 1500/2000 pas quotidiens. Or à moins de 4000 pas, c'est l'inactivité qui menace la santé, déplorent les experts.

La solution: du mouvement chaque jour malgré la pandémie, par exemple de longues promenades, combiné des exercices de force musculaire qui sont disponibles sous forme de vidéos sur le site de Kieser Training.

«Vu l'âge moyen de notre clientèle, notre concept est plutôt médical, s'apparentant à la physiothérapie mariée à des mesures de sécurité et d'hygiène», commente M. Meier. Or avec les confinements, les cabinets de physiothérapie peuvent rester ouverts, mais pas pour l'heure les salles de fitness, déplore le responsable.

Quant à Onepeloton, le spécialiste américain des appareils de fitness connectés, il tend à être utilisé par un public plus jeune et se concentre sur l'entraînement cardiovasculaire classique. Chaque jour, les clients de Onepeloton pédalent devant un écran ou courent sur un tapis de course qui leur diffuse des cours de sport menés en direct depuis une salle de gym aux Etats-Unis. Rien pour les sexagénaires, avec leurs problèmes médicaux (dos, incontinence, genoux...), qui eux insistent sur le renforcement des muscles en plus des mouvements quotidiens.

Il reste à voir si le modèle Onepeloton perdurera dans deux ou trois ans, lorsque la situation sanitaire sera redevenue normale et si ses appareils ne connaîtront pas le même destin que les anciens «home-trainers» (appareils de gymnastique à domicile).