France voisineLes stations privées de ski alpin limitent un peu la casse
ats
23.2.2021 - 16:16
Au pied du Mont-Blanc, les stations françaises observent une chute de l'activité un peu moins brutale que prévu. Skis de fond au pied, Héléna, Manon et leurs parents sont venus profiter de la glisse malgré la fermeture des remonte-pentes dans les stations.
Cette famille achève une semaine de vacances durant laquelle elle a troqué les habituels skis de piste par des balades en raquettes, du ski de randonnée et, ce matin-là, une initiation au biathlon sur le site nordique de la station des Contamines-Montjoie avec deux moniteurs.
«Le ski, descendre, avaler de la piste, ça on a fait depuis des années», explique Isabelle Gillouard, la mère de Manon. «Je trouve ça vraiment sympa de pouvoir découvrir d'autres sports et d'autres façons de vivre la montagne.»
Bilan inégal
Sans remontées mécaniques, la station de ski des Contamines-Montjoie – qui fut l'un des premiers foyers du Covid-19 en France en février 2020 – multiplie les activités alternatives pour maintenir à flot un tourisme plombé par la crise sanitaire. Le succès est partiellement là: à mi-chemin des vacances scolaires si cruciales pour l'économie montagnarde, le bilan semble un peu moins dramatique que prévu.
Selon une première estimation menée pour l'Association nationale des maires de stations de montagne, le taux de fréquentation national moyen des lits touristiques, tous massifs confondus, est de 33% pour les quatre semaines de vacances, en baisse de 43,5% par rapport à l'an passé.
Sur les deux Savoie, ce taux de fréquentation s'élève à 37%, contre près de 80 à 90% les années précédentes, selon l'agence touristique Savoie Mont-Blanc, qui s'attendait à pire. Plusieurs stations des Pyrénées confirment des chiffres supérieurs à leurs attentes. Mais le bilan est inégal: certaines stations de moyenne montagne montent à près de 75% d'occupation quand d'autres ne cumulent qu'environ 15% de lits occupés.
Ateliers d'initiation
Les Contamines-Montjoie affichent environ 40% d'occupation. L'Office de tourisme estime avoir réussi à maintenir un bon niveau de vacanciers, venus «pour le cadre naturel, les activités de plein air, pour casser le rythme de l'année écoulée», résume Guy Magand, le directeur.
Sur le site de ski nordique de la station, on retrouve la famille au stand de tir. Un moniteur montre comment stabiliser sa carabine, puis tous se lancent dans une mini-épreuve de biathlon: quelques tours de piste, un tir, et on passe le relais.
Sur les tables de bois réchauffées par le soleil d'hiver, les pique-niques s'organisent, et une boutique vend quelques en-cas et boissons à emporter. Dans la forêt au-dessus, on distingue une piste verte de ski alpin, transformée cette saison en itinéraire de ski de randonnée.
La station voisine de Saint-Gervais organisait ce week-end des ateliers gratuits d'initiation à cette pratique sur son front de neige. En fin d'après-midi, on y distingue pêle-mêle quelques skieurs de randonnée, des familles en raquettes et des enfants qui descendent sur des pistes de luge improvisées. Derrière eux, le panorama du massif du Mont-Blanc, parfaitement enneigé, est majestueux.
Réservations de dernière minute
On en oublierait presque la dépression économique qui frappe de plein fouet toute l'économie montagnarde, malgré les efforts des stations. Dans les Hautes-Alpes, département ultra-dépendant du tourisme, la baisse de fréquentation s'élève à 47% par rapport à la saison passée.
Selon les projections de l'agence départementale de développement économique et touristique, le manque à gagner pour ce territoire atteindra 811 millions d'euros, soit 20% du PIB local. Les deux Savoie prévoient une perte d'activité à hauteur de six milliards d'euros pour cette saison blanche.
«Les activités de substitution sont importantes, mais elles ne vont pas compenser les retombées que génèrent habituellement un domaine skiable», note Didier Josephe, le directeur de l'Office de tourisme de Saint-Gervais. Il se félicite toutefois d'avoir plus de 50% de taux d'occupation pour ces vacances: «Les réservations de dernières minutes n'ont jamais été aussi importantes.»