Menace nucléaire Menace nucléaire: les Belges se ruent sur les pastilles d'iode

ATS

3.3.2022 - 22:39

Inquiets face au risque d'une attaque nucléaire russe, les Belges se ruent sur les comprimés d'iode destinés à prévenir un cancer de la thyroïde en cas d'émissions radioactives, malgré les mises en garde, constatent des pharmaciens. Les Croates se précipitent également dans les pharmacies.

Avant le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, les ventes étaient proches de zéro.
Avant le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, les ventes étaient proches de zéro.
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Sur la seule matinée de jeudi, les officines du plat pays ont écoulé plus de 56'000 boîtes de dix pastilles d'iode, a indiqué à l'AFP le porte-parole de l'Association pharmaceutique belge (APB).

Avant le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, les ventes étaient proches de zéro. Elles ont bondi à 1000 boites au premier jour de l'opération militaire le 24 février et ne cessent d'augmenter depuis.

«La situation actuelle ne nécessite aucunement la prise de ces comprimés ou de s'en procurer rapidement», a cependant souligné l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), dans un communiqué.

«Cela tracasse pas mal de monde», témoigne Didier Ronsyn, gérant d'une pharmacie à Bruxelles. Dans son établissement, une dizaine de personne se présentent chaque jour pour récupérer des pastilles d'iode.

Une boîte par famille est distribuée gratuitement en Belgique depuis 2018, une mesure qui avait été adoptée par le gouvernement fédéral pour rassurer la population inquiète de la vétusté des centrales nucléaires du pays.

Les comprimés sont à prendre seulement en cas d'exposition à des émissions radioactives, le gouvernement ayant prévu un système d'alerte par SMS.

«J'ai lu dans le journal que les gens voulaient stocker (des pastilles d'iode), c'est pour ça que je suis venu. On ne sait pas comment cette crise va évoluer», a expliqué à l'AFP Georgios Procodius, 45 ans, disant vouloir se protéger «en cas d'attaque nucléaire».

Risques

Mais il a renoncé après les conseils de la pharmacienne: au-delà de 40 ans, la prise d'iode présente en effet plus de risques que de bénéfices.

Elysia Klane, une trentenaire, s'est rendue à la pharmacie après une discussion avec des amies. «Notre génération n'a jamais vécu ça. Je me sentirais mal à l'aise de ne pas en avoir si quelque chose se passe», déclare cette maman d'une petite fille.

De nombreux Belges craignent que leur pays soit une cible potentielle de la Russie au motif qu'il abrite le siège des institutions européennes et de l'Otan.

En Croatie aussi

Les médecins croates ont également tiré la sonnette d'alarme jeudi sur les dangers liés à la prise incontrôlée de cachets d'iode dont la demande explose.

Les comprimés d'iode «peuvent provoquer des effets secondaires graves», a déclaré le Conseil de l'ordre des médecins croates dans un communiqué.

Selon les recommandations de l'OMS, citées par le communiqué, des pilules d'iodure de potassium peuvent être distribuée aux enfants, femmes enceintes et aux moins de 40 ans, dans un rayon de 15 à 20 kilomètres du site d'un incident nucléaire.

De même, avaler des compléments alimentaires comprenant de petites quantité d'iode en vente libre en pharmacie est «complètement inutile et n'a aucun sens».

Dans la région troublée des Balkans, l'invasion de l'Ukraine par la Russie ravive les souvenirs pénibles des conflits meurtriers ayant consacré la désintégration de l'ex-Yougoslavie.