Christine Lagarde«Nous allons voir davantage de commerce à l'intérieur de blocs»
sn, ats
8.3.2023 - 12:08
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde redoute la menace d'un «retour en arrière de décennies d'avancées pour les droits économiques des femmes». Mercredi à Genève, elle a estimé que le protectionnisme «pourrait encore empirer».
Keystone-SDA, sn, ats
08.03.2023, 12:08
08.03.2023, 13:22
ATS
«La fragmentation du commerce mondial menace d'un retour en arrière de décennies d'avancées», a déploré Mme Lagarde lors d'une discussion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour la Journée internationale des femmes. Et de s'inquiéter de la montée du protectionnisme.
Certains pays revoient leurs filières d'approvisionnement et les restrictions au commerce ont été largement multipliées ces dernières années. La présidente de la BCE ne parle cependant pas d'une «démondialisation» mais d'un changement. «Nous allons probablement voir davantage de commerce à l'intérieur de blocs» qui partagent des valeurs, a affirmé Mme Lagarde. De quoi tenter d'affronter les chocs extérieurs.
Or, «la progression du commerce mondial a été inextricablement liée à celle de l'émancipation des droits des femmes», a ajouté la présidente. Les pays où celui-ci avance le plus sont ceux qui garantissent le mieux l'égalité hommes-femmes.
Selon elle, il faut garantir que le commerce reste «aussi ouvert que possible» malgré les tensions, notamment pour l'accès des pays en développement aux marchés. Le genre doit faire partie davantage des accords commerciaux, dit-elle.
Décennie pour revenir sur les revers selon Ngozi
Les femmes doivent être mieux représentées aux postes de direction. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, elles n'ont occupé que 12% de ceux-ci dans les organisations multilatérales, a ajouté Mme Lagarde. «Il faut que cela change», selon elle.
A l'OMC, la moitié des directeurs généraux adjoints sont désormais des femmes pour la première fois, s'est félicitée lors de la discussion la cheffe de l'organisation Ngozi Okonjo-Iweala. Elle a salué les efforts lacés déjà par son prédécesseur et veut oeuvrer sur cette question.
Le nombre de femmes parmi les directeurs dans l'institution a lui aussi progressé, doublant pour atteindre désormais 43%. Il faut des changements «systémiques et structurels», dit la directrice générale, laissant entendre que des réticences sont encore observées.
Plus largement, Dr Ngozi affirme que le retour sur les avancées mentionné par son amie Christine Lagarde a déjà lieu. Elle l'attribue à la pandémie, à la guerre en Ukraine, au changement climatique, à l'inflation ou la crise énergétique. «Il faudra une décennie ou plus pour revenir là où nous étions», a-t-elle affirmé.