Commerce mondialOkonjo-Iweala première femme et Africaine à diriger l'OMC à Genève
sn, ats
15.2.2021 - 18:02
L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a sa première femme et première Africaine comme directrice générale. Les 164 membres ont désigné lundi à Genève la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, dont les défis seront nombreux, après des mois de blocage américain.
Cette ancienne ministre des finances et des Affaires étrangères va devenir début mars la septième personne à la tête de l'organisation. Son mandat est prévu jusqu'à fin août 2025. Elle s'est réjouie d'oeuvrer avec les membres pour contribuer à la relance économique en pleine pandémie.
«Une OMC forte est vitale» pour atteindre cet objectif, a-t-elle affirmé, disant être «honorée» d'avoir été désignée. «C'est un moment très significatif pour l'OMC», a dit de son côté le président du Conseil général, organe le plus élevé de l'institution qui a nommé la nouvelle directrice générale.
L'arrivée de la nouvelle administration de Joe Biden a permis de lever les obstacles imposés par le précédent président américain, Donald Trump, pour la validation de la nomination de Mme Okonjo-Iweala. La Nigériane avait été largement soutenue par les membres il y a quelques mois mais Washington avait refusé de rejoindre le consensus.
Il y a une dizaine de jours, la finaliste, la ministre sud-coréenne Yoo Myung-hee, avait décidé de se retirer, laissant la voie ouverte à la prochaine patronne. Quelques heures plus tard, les Etats-Unis avaient affiché leur «soutien appuyé» à Mme Okonjo-Iweala.
Réformes et aussi PME
Lundi, de nombreux acteurs internationaux ont salué la nomination de celle-ci. Le président de la Confédération Guy Parmelin lui a garanti le «soutien de la Suisse» pour améliorer le système commercial multilatéral. Dans un environnement où celui-ci a fait l'objet ces dernières années de nombreuses tensions, notamment entre les Etats-Unis et la Chine.
La Nigériane se présente comme la directrice des réformes, souhaitées par de nombreux membres dont l'administration américaine de Joe Biden, et des PME. Elle va remplacer Roverto Azevedo, parti fin août, après plusieurs mois où l'organisation était dirigée par quatre adjoints.
En pleine pandémie, avec un commerce mondial en recul l'année dernière, elle devra faire face à de nombreux défis pour une OMC confrontée à une crise institutionnelle. Une situation liée au blocage américain du renouvèlement des juges du tribunal d'appel depuis plusieurs années.
Divergence avec Berne
Les membres sont aussi divisés sur les instruments pour garantir le commerce des marchandises contre le coronavirus dans les pays en développement, l'un des chantiers que Mme Okonjo-Iweala, surnommée «Dr Ngozi», veut faciliter.
De nombreux Etats sont favorables à des exceptions aux brevets, demandées par des ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF) et pour lesquelles la Nigériane n'a pas caché son soutien. Mais des pays riches, dont la Suisse, appuient les entreprises pharmaceutiques et estiment de leur côté que l'accord sur ces questions déjà en vigueur (ADPIC) suffit.
Les discussions pour éliminer les subventions à la surpêche n'ont elles toujours pas abouti, alors qu'une réunion ministérielle doit avoir lieu cette année. Là encore, la question sera urgente pour la prochaine patronne de l'organisation.