Commerce mondialOMC: candidat genevois pour plus de parité
ATS
10.7.2020 - 09:33
Le candidat égyptien pour diriger l'OMC, également genevois, veut relancer la fonction de négociations multilatérales de l'institution s'il est désigné. Celle-ci «aura besoin de la Suisse». Hamid Mamdouh souhaite aussi s'entourer d'une direction «plus paritaire».
«La Suisse a toujours joué un rôle très efficace pour renforcer le système multilatéral», affirme dans un entretien à Keystone-ATS M. Mamdouh, l'un des huit candidats pour remplacer Roberto Azevedo à la tête de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). «Je souhaite qu'elle continue, quel que soit le résultat de cette désignation», dit-il face à la crise institutionnelle et les tensions observées entre les Etats-Unis et la Chine. «L'OMC a besoin d'elle».
M. Mamdouh, 67 ans et qui souhaite être soutenu par Berne, a rencontré récemment à deux reprises l'ambassadeur suisse auprès de l'organisation Didier Chambovey. «Je suis optimiste», explique-t-il, parce qu'il partage des «objectifs communs» avec la Suisse, dont il dit avoir embrassé les valeurs de neutralité, non discrimination et d'état de droit qui font l'OMC.
Alors que Berne ne dévoile jamais ses préférences dans ces désignations, son entourage oeuvre à l'organisation d'une rencontre «très prochainement» avec le conseiller fédéral Guy Parmelin. D'autant plus que selon le Genevois, si la Suisse le soutient, il pourrait encore davantage se revendiquer en homme de consensus entre pays développés et pays en développement pour obtenir des appuis européens, alors que l'UE n'a pas lancé de candidat.
Mettant en avant son expérience de plus de 35 ans comme négociateur puis comme haut fonctionnaire à l'OMC, avant d'avoir rejoint un cabinet d'avocats sur les questions commerciales, le Genevois dit offrir un profil «sans précédent» aux Etats membres. Contrairement à ses adversaires, tous ministres ou ex-ministres.
Attendu en novembre
«Choisissez si vous souhaitez ou non répéter les erreurs du passé», dit M. Mamdouh aux 164 membres. Tous les directeurs généraux étaient d'anciens responsables politiques, sauf M. Azevedo qui a «un profil de diplomate».
«L'OMC a besoin d'un leadership politique. Mais le leadership politique n'est pas un leadership ministériel qui n'est lui pas conciliateur», insiste M. Mamdouh. Elle doit se doter d'un directeur général «qui a le savoir-faire et la confiance» des membres, dit le Genevois.
S'il est désigné, l'Egyptien promet d'oeuvrer à une direction «plus paritaire» entre hommes et femmes. Actuellement, outre M. Azevedo, les quatre adjoints sont tous des hommes. M. Mamdouh met en avant cet engagement, alors que trois femmes veulent devenir la première directrice générale, dont deux Africaines.
Ce continent part divisé, même si le Genevois est le seul des trois à figurer sur une liste approuvée par l'Union africaine (UA) au terme de tractations de dix mois. L'organisation africaine «souhaitait tenter de s'unir derrière une candidature», dit-il, déplorant désormais un déficit de «poids politique» de l'institution pour tenter d'arracher le siège de directeur de l'OMC. Mais «l'Afrique peut encore gagner».
La démission de M. Azevedo, un an avant la fin de son second mandat et en pleine pandémie, a bousculé un processus de désignation habituellement long. Deux mois de campagne s'ouvrent, avant que les Etats ne tentent de trouver un consensus. Selon M. Mamdouh, l'OMC n'échappera pas à un directeur général provisoire, désigné parmi les adjoints, quand M. Azevedo partira fin août. Le Genevois s'attend à ce que le prochain patron entre en fonctions «en novembre».
Appel à une feuille de route
Selon lui, il faudra alors préparer la ministérielle, décalée d'un an en raison du Covid. Cette réunion «sera terriblement importante» et devra aboutir à une «feuille de route» sur l'agenda et le processus de la réforme de l'organisation, souhaitée notamment par les Etats-Unis qui ont menacé à plusieurs reprises de quitter celle-ci.
Elle devra encore redonner une direction aux négociations, d'abord avec un accord sur les subventions illégales à la pêche et ensuite en avançant sur le commerce électronique, sur les PME ou aussi sur la facilitation de l'investissement. Il restera aussi à résoudre le blocage américain du tribunal d'appel de l'institution.
Pour contourner celui-ci, l'UE et 18 pays et territoires, dont la Suisse, ont lancé fin avril une cour d'appel temporaire. Comme d'autres, M. Mahmoud souhaite que ce mécanisme n'entrave pas la discussion d'une réforme du mécanisme permanent.
Les Etats doivent revenir aux «objectifs communs», dit-il. Lui-même ne spécule pas sur sa volonté de diriger l'OMC pendant deux mandats s'il est nommé. «Commençons par un», glisse-t-il.
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