HydrocarburesPétrole: les prix se replient en attendant la réunion de l'Opep+
vj
2.6.2022 - 08:18
Les prix du pétrole fléchissaient nettement jeudi matin. Alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés regroupés au sein de l'Opep+ se réunissent, l'Arabie Saoudite, aurait, selon plusieurs médias, laissé entendre qu'elle pourrait augmenter sa production de brut en vue de couvrir toute baisse substantielle de celle de la Russie.
Keystone-SDA, vj
02.06.2022, 08:18
ATS
Peu avant 07h30, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août se négociait à 113,85 dollars, en baisse de 2,10%, après avoir grimpé la veille au soir à son premier jour de négoce à 116,29 dollars, soit une hausse de 0,59%. Quant aux 159 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en juillet, ils valaient 112,76 dollars, en repli de 2,17%. Mercredi soir, ils avaient pris 0,51%, à 115,26 dollars, un niveau inédit depuis le 8 mars.
Après l'annonce lundi d'un accord de l'Union européenne pour renoncer à 90% des importations russes, l'or noir avait bondi, avant de se replier sur des prises de bénéfices. Le Wall Street Journal avait rapporté que certains membres de l'Opep envisageaient de ne plus prendre en compte les volumes russes dans le plan de production décidé en juillet dernier avec les partenaires de l'accord Opep+. La réunion de jeudi après-midi pourrait ainsi être déterminante si la Russie se voit exemptée de ses quotas, note Jeffery Halley, analyste chez Oanda.
Matt Smith, analyste de Kpler, estime en revanche que les marchés ont déjà intégré cette information à l'origine du redressement des prix de mercredi. Ils n'attendent dès lors «aucun changement» et le maintien de la trajectoire décidée en juillet dernier, soit un relèvement de 432'000 barils par jour en juillet, similaire à celui des mois précédents. Dans un tel cas, les prix du pétrole devraient connaître une vive hausse, avertit M. Halley.
Capacités insuffisantes
Mais mois après mois, les membres de l'Opep+ ne parviennent pas à respecter leur tableau de marche, faute de capacités suffisantes, et ont ainsi pompé, en avril, 1,3 million de barils de moins que prévu. Et même si certains pays, en fait l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, les deux seuls véritable producteurs d'appoint, pourraient accroître leur production, le problème du goulet d'étranglement du raffinage qui provoque la flambée des prix de l'essence et du diesel dans le monde n'est pas réglé, ajoute M. Halley.
Reste qu'une augmentation de la production de l'Arabie Saoudite constituerait «une rare bonne nouvelle pour l'économie mondiale et la lutte contre l'inflation», ajoute l'expert. Il n'est certainement pas dans l'intérêt de l'Opep d'envoyer le monde dans une récession, et le seul perdant serait probablement la Russie, qui gagne plus d'argent aujourd'hui qu'avant l'invasion de l'Ukraine grâce à la flambée des prix du pétrole».
Et M. Halley d'évoquer d'éventuels «marchandages en coulisses entre l'Occident et l'Arabie saoudite ainsi que les Émirats arabes unis. Il est étonnant de constater à quel point le prix de l'essence aux États-Unis et les élections de mi-mandat focalisent les esprits.
Par ailleurs, les opérateurs s'attendent à ce que l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) fasse état jeudi d'une nouvelle baisse des stocks américains de brut. Le consensus établi par l'agence Bloomberg table sur une contraction de 2,1 millions de barils et d'une légère baisse des réserves d'essence.
Marché toujours tendu
Le rapport devrait aussi apporter de nouveaux indices sur l'évolution de la consommation de carburant aux États-Unis, qui ne fléchit pas pour l'instant, bien que le prix moyen de l'essence batte tous les jours des records. «Je ne pense pas que ça va avoir beaucoup d'effet», avance James Williams, de WTRG Economics, au sujet de l'envolée des prix.
«Notre économie est menacée par l'inflation, mais tant que les emplois sont là», les Américains vont prendre leur voiture, fait-il valoir. «Il y a aussi le fait qu'avec le Covid, beaucoup de gens ne sont pas partis en vacances depuis deux ou trois ans.» Pour Matt Smith, les conditions sont réunies pour «une lente montée» du prix du pétrole durant les prochaines semaines, sur un marché qui craint pour l'offre.
«Le marché va rester tendu jusqu'à ce que la demande s'érode», a abondé, dans une note, Edward Moya, d'Oanda, «mais il semble que cela n'arrivera pas de sitôt.»