Bordeaux
Graffiti "anti-riches", autocollants sommant les Parisiens de rentrer chez eux: la querelle s'envenime à Bordeaux, grande ville du sud-ouest de la France. Son maire a vertement dénoncé mercredi les attaques contre les nouveaux arrivants.
"Les attaques anti-nouveaux arrivants à Bordeaux sont une honte. J'envisage de saisir la justice. Notre ville est accueillante et le restera", a écrit sur Twitter Alain Juppé. L'ancien Premier ministre français est maire de la ville depuis 2006.
Située à deux heures de Paris depuis l'entrée en service de la ligne de trains à grande vitesse LGV début juillet, Bordeaux (250'000 habitants, 760'000 pour la métropole) est en pleine transformation. En 2016, c'est la ville française qui a connu la plus forte hausse de prix du m2 en France, avec une augmentation de 15% sur un an, et 23% sur cinq ans, selon le baromètre immobilier des notaires.
Flambée des prix
Dans le quartier populaire Saint-Michel, historiquement peuplé par les différentes vagues migratoires, certains logements sont ainsi vendus jusqu'à 4000 euros (4700 francs) le m2. Cette flambée des prix, couplée à la gentrification de plusieurs quartiers populaires, attise la grogne de certains habitants.
Des articles de presse ont fait état ces derniers jours de la présence dans la métropole d'autocollants représentant un TGV et sur lesquels on peut lire "Parisien rentre chez toi". Dans le quartier Saint-Michel, plusieurs graffitis ont été revendiqués par un collectif se présentant comme "anti-bobo".
"Front de libération bordeluche"
Avec humour, le "Front de libération bordeluche (nom du parler populaire de Bordeaux) face au parisianisme", animé sur Facebook par deux Bordelais, pointe les contradictions de cette "grosse ville du sud-ouest français, un peu bourgeoise mais aussi un peu plouc", qui s'est "drapée dans une tenue de gala extrêmement sexy", avant de conclure: "Ils sont tombés dans le panneau, les Parisiens bien sûr, mais pas que".
Comme d'autres grandes villes, Bordeaux connaît depuis deux à trois ans des problèmes de logement particulièrement aigus. D'autant que le nombre d'offres sur les sites de location saisonnière a explosé au cours des derniers mois (+62% entre mars et septembre), avec plus de 10'000 biens proposés, selon l'"Observatoire Airbnb" à Bordeaux.
En réaction, le syndicat étudiant Unef a lancé mercredi un "appel à la solidarité" des propriétaires et habitants pour trouver une solution de logement à près d'un millier d'étudiants. Ceux-ci se retrouvent sans hébergement plus d'un mois après la rentrée.
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