«Too big to fail» Pas d'inquiétude majeure parmi les clients de Credit Suisse

ATS

15.3.2023 - 20:21

La chute sans précédent de l'action du Credit Suisse mercredi ne semblait pas ébranler les clients de la deuxième banque du pays rencontrés dans le centre-ville de Genève. Ils se disent persuadés que le gouvernement viendra à la rescousse du géant si besoin.

L'action Credit Suisse a dégringolé ces derniers jours, dans un marché très inquiet pour les banques européennes après la faillite de l'américaine SVB (archives).
L'action Credit Suisse a dégringolé ces derniers jours, dans un marché très inquiet pour les banques européennes après la faillite de l'américaine SVB (archives).
KEYSTONE/WALTER BIERI

La banque a pourtant vu le cours de son action perdre jusqu'à 30% pour atteindre un nouveau plancher historique à 1,55 franc suisse. «Je ne suis pas inquiet. Elle sera couverte par le gouvernement, jusqu'à 100'000 francs» par client, et «de toute façon, quelqu'un achètera la banque», déclare un coach sportif de 40 ans, qui veut rester anonyme.

«Too big to fail»

D'autres clients rencontrés par l'AFP relèvent également que Credit Suisse fait partie des 30 banques au niveau mondial considérées comme trop grosses pour qu'on les laisse faire faillite.

«Je me m'inquiète pas. Ce sont des banques d'importance systémiques, elles ne peuvent pas faire faillite», commente un gérant de restaurant, disposant d'un compte professionnel auprès de Credit Suisse. «Elle est soutenue par l'Etat. Si la banque fait faillite, c'est donc l'Etat qui fait faillite», ajoute cet homme de 33 ans.

Dans une succursale de la banque, des clients attendaient calmement leur tour aux guichets. «Je constate aujourd'hui qu'il y a beaucoup plus de monde dans le hall, des gens qui attendent, et je pense qu'ils veulent être rassurés», observe Renate.

Effet boule de neige

L'action Credit Suisse a dégringolé ces derniers jours, dans un marché très inquiet pour les banques européennes après la faillite de l'américaine SVB. «C'est un effet boule de neige», explique un gestionnaire de fortune indépendant basé à Genève, qui s'est rendu à vélo à la succursale.

Il ne semblait pas surpris que la banque se soit mise dans le pétrin. «J'ai travaillé 15 ans pour eux, mais il y a plus de 30 ans», dit-il, indiquant qu'il a encore une hypothèque auprès de la banque. Lui aussi refuse de donner son nom.

Antolin Coll, 79 ans, qui a travaillé au Credit Suisse pendant 22 ans, est confiant. «J'y ai toujours mon argent», a déclaré cet ancien gestionnaire. «Je n'ai pas peur, car il y a déjà eu des cas et tout s'est toujours bien passé».

«Si vous avez un compte d'épargne, laissez-le tranquille en attendant que les choses se passent. Si vous avez de la Bourse, faites gaffe. Si vous voyez que ça a baissé, vous vendez tout», recommande-t-il.

A la clôture, l'action affichait mercredi une perte de 24,24% et une capitalisation boursière d'un peu moins de 6,7 milliards de francs.

«Dur d'imaginer le pire»

Dans une autre succursale, Daniel Rodrigues s'interroge: «Je vais voir un peu comment cela évolue et si je vois que ça empire, il faudra que je reconsidère le fait d'éventuellement déplacer mon argent dans une autre banque».

«C'est vrai que je suis dans cette banque depuis 15 ans, il y a une certaine confiance aussi, donc c'est un peu dur d'imaginer le pire», dit-il.

Mary Ponomarova, une réfugiée ukrainienne, se montre plus inquiète: «Tout l'argent que j'ai est ici. Je ne sais pas quoi faire. Je vais leur demander, parce que ce n'est pas mon pays, je ne sais pas quoi faire».