Politique monétaire Pas de surprise à la prochaine réunion de la BNS

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22.3.2021 - 14:10

Pas de changement attendu du côté de la Banque nationale suisse (BNS). L'institut d'émission devrait conserver inchangé jeudi ses principales armes de politique monétaire, dans un environnement toujours marqué par les effets de la pandémie de coronavirus mais un franc qui montre des signes de relâchement.

Pas de changement attendu du côté de la Banque nationale suisse (BNS).
Pas de changement attendu du côté de la Banque nationale suisse (BNS).
KEYSTONE

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«La reprise économique internationale qui se confirme permet d'alléger les pressions haussières sur le franc suisse, ce que la BNS ne manquera pas de constater avec soulagement», a estimé Samy Chaar, économiste en chef de Banque Lombard Odier, interrogé par AWP.

Après avoir injecté 109,7 milliards de francs l'année dernière pour éviter un renchérissement du franc, néfaste pour les exportateurs helvétiques, la BNS devrait avoir respiré un peu au premier trimestre 2021. Depuis le début du nouvel exercice, la devise nationale s'est en effet relâchée de 2,3% face à l'euro, sa principale monnaie d'exportation. Lundi midi, la paire de devise euro-franc s'échangeait ainsi à 1,1032 EUR/CHF, après avoir atteint en janvier un plancher à 1,0740 EUR/CHF.

Pour M. Chaar, «l'affaiblissement du franc et le ralentissement des flux à caractère défensifs ont permis à la BNS de stopper ses interventions sur le marché des changes».

La banque centrale suisse devrait cependant insister sur «le niveau élevé du franc», conservant son vocabulaire en la matière, ont souligné les spécialistes de Capital Economics dans une note.

Les économistes s'attendent dans l'ensemble à un statu quo de la BNS jeudi. Cette dernière devrait donc conserver le taux directeur appliqué aux avoirs à vue à -0,75%, niveau où il se situe depuis janvier 2015, et réitérer sa disposition à intervenir «de manière accrue» sur le marché des changes.

«Les interventions sur le marché des devises sont plus efficaces que les abaissements de taux directeur», ont résumé les spécialistes de Bank of America Securities dans un commentaire.

Accusations de «manipulation»

Cette politique monétaire avait attiré les foudres de Washington sur la Suisse, la précédente administration de l'ex-président Donald Trump ayant accusé Berne de manipuler sa monnaie. Reste à voir quel ton adoptera à ce propos le nouveau locataire de la Maison Blanche, le démocrate Joe Biden.

Les observateurs vont également se pencher sur les prévisions de croissance et d'inflation de la BNS. L'institut d'émission dirigé par Thomas Jordan anticipait en décembre pour cette année un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 2,5% à 3,0%. Il sera intéressant de voir si la BNS maintient ces anticipations ou si elle les ajuste à la baisse en raison de l'arrivée de la troisième vague de coronavirus et les retards dans la campagne de vaccination.

Certains indicateurs économiques suscitent cependant l'espoir d'une reprise plus forte, a noté Capital Economics. L'indice PMI des directeurs d'achat dans l'industrie a ainsi atteint en février un niveau inédit en 30 mois et celui des services a dépassé la barre des 50 points, soit le seuil de croissance.

L'inflation, qui a provoqué quelques inquiétudes récemment, devrait rester très mesurée. Selon M. Chaar, il faut s'attendre à une révision «marginale» de l'indice des prix à la consommation. «La vaccination va permettre de reprendre un contrôle décisif sur la pandémie avec une réouverture progressive de l'économie dans les trimestres à venir», a-t-il précisé. Mais la progression des prix ne seras pas «énergique et durable».

Capital Economics a abondé en ce sens, s'attendant à un relèvement des prévisions d'inflation à 0,5%, contre zéro actuellement. Pas de quoi inquiéter la BNS, dont l'objectif en la matière se situe autour de 2%.

Dans ce contexte, une normalisation de la politique monétaire suisse n'est pas attendue «avant de nombreuses années», a estimé Samy Chaar, rejoint par Capital Economics qui ne voit pas de changement «dans un avenir proche».

«Il faudra que tout se passe particulièrement bien dans les deux à trois ans à venir pour que la Réserve fédérale américaine se donne une chance de monter ses taux directeurs dans la deuxième partie de 2023», suivie en cela par la Banque centrale européenne et seulement après par la BNS, a résumé l'économiste de Lombard Odier.