Uber a encaissé au deuxième trimestre une perte record de 5,24 milliards de dollars (5,1 milliards de francs), alors même que sa croissance a nettement ralenti, relançant les doutes sur le modèle économique de l'entreprise. La sanction a été immédiate en bourse.
Le titre du leader mondial de la réservation de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) a perdu jusqu'à 12% dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York, avant de limiter les dégâts. Il perdait encore 6% vers minuit.
Les spécialistes de l'entreprise s'attendaient à une grosse perte en raison des dépenses exceptionnelles liées aux rémunérations en action distribuées aux employés à l'occasion de l'arrivée d'Uber à Wall Street, mais pas de cette ampleur. Même sans cet élément, le groupe a perdu 1,3 milliard de dollars d'avril à juin, contre 1 milliard au trimestre précédent.
De plus, Uber a fortement déçu en annonçant n'avoir fait grimper son chiffre d'affaires que de 14%, à 3,17 milliards de dollars. Il progressait encore de 20% en début d'année.
Guerre des prix
«Même si nous continuons à investir massivement dans notre croissance, nous souhaitons aussi que ce soit une croissance de qualité et ce trimestre, nous avons fait des progrès en ce sens», a justifié le directeur financier Nelson Chai dans un communiqué.
Le montant brut des réservations, l'argent qu'Uber reçoit avant de payer les chauffeurs et d'autres dépenses comme les péages, a pourtant augmenté de 31%. Le nombre total de courses a bondi de 35% à 1,68 milliard, et le nombre d'utilisateurs actifs par mois a grimpé de 30%, à 99 millions dans le monde.
Mais Uber continue à dépenser beaucoup d'argent, en promotion, par exemple, pour attirer de nouveaux clients ou conserver ses parts de marché. Ses dépenses ont plus que doublé sur un an à 8,65 milliards de dollars.
Toutefois, a souligné jeudi le patron de la société, Dara Khosrowshahi, dans une conférence téléphonique avec les analystes, «l'environnement concurrentiel sur la plate-forme de réservation de voitures continue à se stabiliser, à s'améliorer».
UberEats déçoit
Les dirigeants de son concurrent numéro un aux Etats-Unis, Lyft, avaient fait des commentaires similaires la veille, suggérant que la guerre des prix entre les deux groupes s'apaise.
Mais Lyft a aussi fait part d'un bond de son chiffre d'affaires de 72% au deuxième trimestre et, plus optimiste sur son activité, a prévu pour 2019 des pertes moins importantes qu'anticipées.
Cette confiance affichée avait profité à Uber, dont le titre a bondi jeudi de 8% à 42,97 dollars avant la publication de ses résultats. Même après ce sursaut, il restait en dessous de son prix d'introduction à Wall Street début mai.
Uber prévoit pour sa part d'utiliser cette accalmie pour renforcer son service de livraison de repas UberEats sur un secteur «où la compétition est intense, les investissements importants mais le potentiel incroyable», a affirmé M. Khosrowshahi.
UberEats est une des activités de diversification sur lesquelles mise le groupe, mais qui fait face à la concurrence croissante. Uber investit également dans les vélos et trottinettes électriques ou les voitures autonomes.
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