Plans de relanceL'Espagne et le Portugal reçoivent l'aval de l'UE
ATS
16.6.2021 - 19:00
Keystone-SDA
16.06.2021, 19:00
16.06.2021, 19:12
L'Espagne et le Portugal sont devenus mercredi les premiers pays de l'Union européenne à recevoir le feu vert de Bruxelles pour leurs plans de relance. Ceux-ci sont financés par un emprunt commun inédit destiné à surmonter les conséquences économiques de la pandémie.
«La Commission européenne a décidé de donner son feu vert au plan espagnol de relance et de résilience», a déclaré à Madrid la présidente de l'institution Ursula von der Leyen, quelques heures après avoir validé le plan portugais à Lisbonne et avant de continuer sa tournée jeudi à Athènes et Copenhague.
L'Espagne sera le deuxième bénéficiaire après l'Italie du méga-plan de relance européen de 750 milliards d'euros (817 milliards de francs), âprement négocié par les 27 jusqu'à son adoption en juillet 2020. Madrid doit toucher quelque 140 milliards au total, dont 70 en subventions directes et autant sous forme de prêts.
Mme von der Leyen a été reçue par le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez au siège du gestionnaire national du réseau électrique alors que l'Espagne entend consacrer la plus grosse part de son plan à la transition énergétique.
«Jour historique»
«C'est un jour historique, pour l'Espagne (...) mais aussi pour l'Europe», a déclaré M. Sanchez, rappelant que son plan contenait «plus de 100 réformes structurelles», demandées par Bruxelles en échange des fonds.
A Lisbonne, la présidente de la Commission avait auparavant visité un centre pédagogique consacré aux sciences pour illustrer la volonté du Portugal, qui doit recevoir 16 milliards d'euros à fonds perdus, d'investir dans l'innovation et l'éducation.
Le Portugal, qui assure la présidence semestrielle de l'UE, avait voulu donner l'exemple en devenant en avril le premier pays à soumettre à Bruxelles ses projets d'investissements.
Mme von der Leyen a remercié Lisbonne pour avoir «joué un rôle crucial pour faire du mécanisme de relance une réalité» et Madrid pour son «excellente» coopération lors des négociations.
Le grand plan de relance européen «est notre seule chance d'aller vers une société plus verte, plus numérique, plus durable», a souligné Mme von der Leyen.
Economies très touchées
La plupart des autres États membres ont eux aussi rendu leur copie et recevront à leur tour une visite de Mme von der Leyen, qui a voyagé pour la première fois mercredi avec le passe sanitaire européen, qui entrera en vigueur officiellement le 1er juillet.
Le Conseil européen donnera ensuite son approbation formelle, dans un délai d'un mois après la validation de la Commission. Les premiers versements sont prévus en juillet.
Le Portugal et l'Espagne, «deux pays du Sud de l'Europe, qui dans le passé ne se sont pas sentis accompagnés, ont bénéficié cette fois-ci d'un soutien et d'une générosité extraordinaire de la part de leurs partenaires du Nord», a commenté à l'AFP Toni Roldan, directeur du centre de recherche en politique économique EsadeEcPol de Madrid.
L'Espagne a été l'un des pays les plus touchés par la première vague de la pandémie de Covid-19, au printemps 2020, tandis que le Portugal a lui été durement touché en début d'année. Très dépendantes du tourisme, leurs économies ont énormément souffert.
Depuis la crise de la dette de 2011, Lisbonne et Madrid se sont souvent retrouvés en première ligne face aux attaques des pays dits «frugaux» qui rechignaient à financer les dépenses de pays du sud de l'Europe, selon eux moins vertueux dans la gestion de leurs finances publiques.
Un mécanisme inédit
Pour financer cette relance massive, l'UE a dû s'accorder sur un mécanisme inédit qui lui a permis de réaliser mardi une première émission de dette commune, d'un montant de 20 milliards d'euros, saluée par Mme von der Leyen comme «la plus grande opération» de ce type jamais réalisée en Europe.
Le recours commun à l'emprunt, inédit, incarne la solidarité européenne face à la crise du Covid-19. Cet argent doit faciliter la modernisation de l'économie européenne, avec comme objectifs prioritaires l'écologie et le numérique.
Concrètement, ces investissements financeront la rénovation thermique de bâtiments, des projets ferroviaires, des bornes de recharge pour véhicules électriqes, des réseaux de télécommunications à haut débit ou encore des infrastructures de stockage des données.
La Commission prévoit de lever d'ici la fin de l'année 100 milliards d'euros en obligations à long terme pour financer les plans nationaux.