BilanLe Covid-19 a touché la majorité des sociétés suisses en 2020
hr
22.3.2021 - 10:13
Keystone-SDA, hr
22.03.2021, 10:13
22.03.2021, 10:16
ATS
La saison des résultats pour l'exercice 2020 est quasiment bouclée et un premier constat s'impose. Si une majorité des entreprises suisses cotées ont enregistré des revenus et des bénéfices inférieurs à ceux de l'année précédente, nombre d'entre elles ont déjoué les scénarii les plus noirs brossés par les observateurs.
Sur une centaine des principales sociétés cotées, 80 ont subi une baisse de leur chiffre d'affaires en 2020, d'après une évaluation réalisée par AWP.
En moyenne, les revenus ont chuté de 20%, mais la crise n'a pas touché tout le monde de la même façon et de fortes variations sont à observer. Le spécialiste des boutiques hors taxes Dufry a par exemple subi des pertes de plus de 70% alors que le fabricant de microcapteurs Sensirion a réussi à faire progresser son chiffre d'affaires de près de 50%.
Les bénéfices, en revanche, ont évolué de manière moins spectaculaire. Notamment grâce à l'adoption rapide de mesures de réduction des coûts ou l'introduction de chômage partiel, de nombreuses entreprises ont réussi à éviter le pire. Près de quatre entreprises sur dix ont certes vu leur rentabilité s'éroder, mais la même proportion de sociétés ont assisté à un phénomène inverse. Une sur dix a tout de même plongé dans les chiffres rouges.
Naviguer à l'aveuglette
«L'une des grandes surprises de cette saison de résultats réside dans le fait que les dérapages des entreprises ont finalement été beaucoup moins dramatiques que ce que l'on craignait au départ», confirme Christian Gattiker, responsable de la recherche chez Julius Baer.
«Le véritable problème de cette année pandémique, c'est que les investisseurs et les analystes l'ont traversée en naviguant complètement à l'aveuglette».
Pourtant, la majorité des entreprises suisses a dévoilé des résultats peu ou prou conformes aux attentes des analystes. Mais l'évolution plus positive que prévue des bénéfices a parfois surpris. Alors que 55% des sociétés ont dépassé le consensus sur le niveau de leurs ventes, 86% l'ont surpassé pour leur bénéfice d'exploitation et 76% pour leur bénéfice net.
L'année des actions suisses a été marquée par deux mouvements contraire. «Dans un premier temps, elles ont bénéficié de leur orientation très défensive par rapport aux actions européennes et mondiales et d'une forte représentation de l'industrie pharmaceutique», explique Wolf von Rotberg de la banque Safra Sarasin.
«Toutefois, lorsqu'il est devenu évident qu'elles ne pourraient bénéficier que de manière très limitée du Covid-19 et que les pertes du côté des assurances seraient également assez élevées, la forte surperformance s'est transformée en une importante sous-performance», poursuit l'expert. Roche a ainsi suscité la plus grande déception en terme de ventes et de bénéfices. Les deux autres poids lourds Nestlé et Novartis figurent également en queue de classement.
«D'autres entreprises dans le secteur de la santé en dehors du SMI, comme Siegfried et Bachem, ont néanmoins affiché une croissance de leurs bénéfices. Ceux-ci ont nettement dépassé le consensus du marché», souligne Adrian Schneider, expert auprès de la Banque cantonale des Grisons.
Un secteur financier incohérent
Dans le secteur financier, le réassureur Swiss Re et la Banque Profil de Gestion (BPDG) ont essuyé les pires contre-performances, le premier chutant et le second s'enfonçant davantage dans le rouge en 2020. La banque en ligne Swissquote, au contraire, a enregistré un bénéfice record et le numéro un bancaire helvétique UBS a également fait progresser son bénéfice de manière significative.
«Tout récemment, les banques ont connu un rebond significatif au quatrième trimestre en raison de la hausse des taux d'intérêt et de l'amélioration de l'environnement économique,» relève M. Rotberg.
Bien que les entreprises soient pour la plupart sorties relativement indemnes de l'année de crise 2020, «les perspectives d'une majorité d'entre elles restent prudentes en raison de l'évolution incertaine de la pandémie», affirme M. Schneider.