Compagnies ferroviaires Primes pour pallier le manque de conducteurs

ATS

3.10.2019 - 18:04

Les CFF et BLS offrent des primes spéciales à leurs mécaniciens de locomotive pour faire face à la pénurie de personnel (archives).
Les CFF et BLS offrent des primes spéciales à leurs mécaniciens de locomotive pour faire face à la pénurie de personnel (archives).
Source: KEYSTONE/CHRISTIAN MERZ

Les CFF et BLS tentent de faire face au manque de mécaniciens de locomotive en offrant des primes spéciales. Comme il manque en moyenne 30 conducteurs par jour à ces compagnies, d'autres travaillent jusqu'à 14 jours de suite. Les planificateurs sont également à cran.

Le porte-parole des CFF Raffael Hirt a confirmé pour l'essentiel jeudi à Keystone-ATS un article en ce sens du journal alémanique Blick. Les CFF offrent notamment une prime de 80 francs aux conducteurs de locomotive travaillant durant leurs jours de congé.

Plusieurs raisons expliquent le manque d'une trentaine de mécaniciens par jour dans le trafic voyageurs et marchandises, selon Raffael Hirt. D'une part, il faut qu'ils puissent compenser les services supplémentaires fournis en été, durant la saison estivale et ses différents événements. La situation du personnel reste donc tendue certains jours de semaine.

D'autre part, il manque chez CFF-Cargo à Brigue (VS) plusieurs mécaniciens pour maladie. Il faut davantage de conducteurs dans tout le domaine dit des «trains complets», mais grâce au grand engagement du personnel, seuls quelques convois ont dû être annulés. Des mécaniciens d'autres dépôts que celui de Brigue ont notamment donné un coup de main.

Prime limitée dans le temps

Chez BLS, la situation n'est pas aiguë, mais il existe bien des pénuries, explique à Keystone-ATS la porte-parole Tamara Traxler. Elle confirme que l'entreprise verse une prime de 100 francs aux mécaniciens quand ceux-ci assurent un tournus supplémentaire. Cette mesure est limitée à avril 2020. La compagnie BLS est consciente du grand engagement et de la flexibilité dont fait preuve le personnel.

Tamara Traxler souligne que BLS va ouvrir trois classes supplémentaires l'an prochain pour la formation des mécaniciens de locomotive. Les sept classes au total formeront alors 56 aspirants. L'entreprise entend pallier ainsi la vague de départs à la retraite qui s'annonce.

Les CFF ont eux 14 classes de formation en cours. Selon Raffael Hirt, ce nombre devrait légèrement augmenter l'an prochain. La situation reste astreignante, car beaucoup d'acteurs de la branche cherchent des profils similaires et que les générations nombreuses nées dans années 1950 et 60 arrivent à la retraite. Le porte-parole reconnaît que le recrutement a été planifié de manière trop défensive, mais la gestion des besoins en ressources va être améliorée.

Le syndicat dénonce

Selon le dernier bulletin d'informations du Syndicat suisse des mécaniciens de locomotive et aspirants (VSLF), les primes versées par les CFF et BLS pour rendre le travail des mécaniciens sur leur jours de congés plus alléchant ne résout en rien le problème des sous-effectifs latents.

Chez CFF Cargo à Brigue, la situation au niveau du personnel est si catastrophique que certaines prestations ne peuvent plus être fournies, dénonce le VSLF.

Selon le syndicat, la charge de travail des planificateurs a augmenté au point que certains préfèrent démissionner ou changer de poste. Avec leur départ, c’est également du „savoir-faire“ ferroviaire qui s’en va.

Récemment, BLS a interrompu l'introduction d'un nouveau logiciel de planification des trains et du personnel. Le système choisi ne pourra pas répondre à ses exigences à moyen terme, a expliqué la compagnie ferroviaire bernoise, notamment pour gérer l'exploitation à court terme en cas de perturbations majeures.

La planification avec l'ancien système est très chronophage. En 2016, BLS s'était fixé pour but de le remplacer par un logiciel plus performant d'ici 2021.

Vingt millions de perdus

VSLF prend cet exemple pour dénoncer le manque de «sage prévoyance» avec laquelle les compagnies ferroviaires devraient mener leurs affaires à long terme. Cette prévoyance semble s'être «perdue dans les brouillards de la numérisation». En renonçant au nouveau système de planification, BLS a jeté par la fenêtre – du moins partiellement – près de 20 millions de francs.

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