Tribunal pénal fédéralQuand Credit suisse flirtait avec la «Bulgarian Connection»
aula, ats
7.2.2022 - 05:30
Credit suisse va s'expliquer dès ce lundi devant le Tribunal pénal fédéral sur ses relations avec un clan bulgare, impliqué dans le trafic de cocaïne et le blanchiment. Deux Bulgares et deux Suisses comparaissent également à Bellinzone.
aula, ats
07.02.2022, 05:30
07.02.2022, 07:12
ATS
Prévu sur près d'un mois, ce procès est l'aboutissement du volet suisse de procédures menées depuis une quinzaine d'années en Bulgarie, en Italie, en Roumanie, en Espagne et au Portugal notamment.
Dans le collimateur du Ministère public de la Confédération (MPC), Credit suisse et quatre accusés qui auraient collaboré à des titres divers avec Evelin Banev, le chef d'un réseau qui importait en Europe de la cocaïne par dizaines de tonnes depuis l'Amérique latine. Grâce à la banque et aux autres accusés, l'organisation criminelle aurait blanchi des dizaines de millions de francs entre 2004 et 2007.
Hommes de confiance de Banev
Credit suisse répond de blanchiment d'argent aggravé. Le MPC estime que la banque n'a pas pris toutes les mesures d'organisation nécessaires pour empêcher le dépôt de ces fonds d'origine criminelle sur des comptes ouverts par des hommes de confiance de Banev.
Dans un communiqué diffusé la semaine passée, la banque «rejette sans réserve toutes les accusations portées contre elle dans cette affaire héritée du passé». Elle se défendra «avec détermination» devant le tribunal. Credit suisse est également convaincu de l'innocence de son ancienne conseillère clientèle qui est également inculpée.
Les deux accusés bulgares seraient des hommes de confiance de Banev, chargés d'ouvrir des comptes en Suisse et d'acquérir des biens immobiliers. Ils sont accusés de blanchiment aggravé et participation à une organisation criminelle.
Indices ignorés
Egalement accusée de blanchiment aggravé, l'ex-employée de Credit suisse gérait les comptes ouverts pour le clan. Selon le MPC, cette femme née en Bulgarie a ignoré les indices d'origine criminelle des fonds. Elle aurait aussi négligé d'informer le Bureau de communication en matière de blanchiment (MROS). En outre, elle aurait entravé l'identification, la découverte et la confiscation de cet argent.
Le dernier accusé était un proche d'un des deux Bulgares. Collaborateur chez Julius Baer, il avait fait ouvrir deux comptes pour des sociétés-écrans de Banev et un pour son ami. Lorsque la banque a refusé de poursuivre ces relations, ce Valaisan a démissionné et s'est mis au service du réseau.
Lâché par les Bulgares
Selon l'acte d'accusation, il aurait rencontré personnellement Evelin Banev à Sofia et entrepris de constituer une holding de droit suisse pour gérer les sociétés offshore du «boss». L'ex-banquier sera lâché par les Bulgares lorsque la justice commencera à s'intéresser à Banev. Il répond aussi de blanchiment aggravé, soutien à une organisation criminelle et faux dans les titres.
Comme l'explique le MPC dans son acte d'accusation, l'Etat bulgare a drastiquement réduit son soutien au sport d'élite à la fin du communisme. De nombreux lutteurs ont été approchés par des clans mafieux. C'est le cas d'Evelin Banev qui a mis sur pied sa propre organisation en s'appuyant sur d'autres lutteurs et en particulier sur ceux originaires, comme lui, de Topolovgrad.
La procédure suisse a été lancée en 2008 par le MPC suite à une demande d'assistance judiciaire déposée l'année précédente par la Bulgarie. Les enquêteurs ont commencé par s'intéresser à l'ancien lutteur avant de remonter les ramifications du réseau dans notre pays. (causes SK.2020.62 et SK.2020.10)