Espace SpaceX: astronautes prêts à partir

ATS

30.5.2020 - 19:39

Les astronautes Douglas Hurley, à gauche, et Robert Behnken rejoignent la fusée.
Les astronautes Douglas Hurley, à gauche, et Robert Behnken rejoignent la fusée.
Source: KEYSTONE/AP/John Raoux

Deux astronautes de la Nasa sont montés samedi au sommet de la fusée SpaceX qui doit les envoyer dans l'espace, après une tentative arrêtée à la dernière minute mercredi par crainte de la foudre.

La mission est cruciale: le premier vol habité partant des Etats-Unis depuis neuf ans, et le premier confié à une société privée.

Après avoir hésité en raison du risque d'orages, la Nasa et le patron de SpaceX, Elon Musk, ont confirmé samedi matin que la météo, bien qu'incertaine, ne stopperait pas les préparatifs pour un décollage à 15H22 (21h22 heure suisse) du centre spatial Kennedy, sur la côte atlantique en Floride, sous les yeux de Donald Trump.

Le président, qui était déjà venu mercredi, a quitté Washington avec son épouse, alors que des émeutes se sont produites dans la nuit en réaction à la mort d'un homme noir, George Floyd, après son interpellation par la police.

«Nous nous préparons pour le lancement aujourd'hui», a tweeté Jim Bridenstine, patron de la Nasa, en ajoutant que le risque d'annulation en raison du mauvais temps restait de 50%. Un report reste possible jusqu'à la fin du compte à rebours, comme mercredi dernier.

Astronautes en place

Doug Hurley et Bob Behnken ont donc recommencé à l'identique ce qu'ils ont fait mercredi: ils ont revêtu leurs combinaisons spatiales blanches et noires, ajustées et inspirées d'Hollywood; ils ont dit au revoir à leurs familles, sans contact; et un convoi les a conduits jusqu'à la fusée dans une voiture électrique Tesla, publicité offerte par la Nasa à Elon Musk qui a créé la marque.

Un peu moins de trois heures avant le décollage, ils sont montés dans la capsule Crew Dragon, au sommet d'une fusée Falcon 9. C'est ainsi attachés dans leur siège qu'ils attendront le feu vert pour le lancement.

«C'est un rêve devenu réalité. Je ne pensais pas que ce jour arriverait vraiment», a dit Elon Musk mercredi dernier.

La mission peut sembler un pas modeste dans l'exploration spatiale: «Bob» et «Doug» n'iront ni sur la Lune ni vers Mars, seulement dans la vieille station spatiale, à 400 km de la Terre, où Russes et Américains vont et viennent depuis 1998.

La Nasa, pourtant, y voit une «révolution», car SpaceX va redonner aux Etats-Unis un accès à l'espace, low-cost, moins cher que ses programmes précédents. Pour trois milliards accordés depuis 2011, SpaceX a entièrement développé un nouveau taxi spatial et promis à sa cliente six allers-retours vers l'ISS.

«Elon Musk a apporté au programme spatial américain la vision et l'inspiration qui nous manquaient depuis neuf ans, depuis la fin des navettes spatiales. Il est brillant», a loué le patron de la Nasa, Jim Bridenstine, vendredi.

Ejection possible

La confiance a dû se gagner. Elon Musk ne connaissait rien aux fusées quand il a fondé SpaceX en 2002. Ses trois premiers lancements échouèrent. Une fusée a explosé au sol avec un précieux satellite dans sa coiffe, une autre peu après le lancement avec un ravitaillement pour l'ISS. L'an dernier, la capsule Dragon elle-même a explosé lors d'un test des moteurs au sol. Le programme aurait dû commencer en 2017.

In fine, les responsables de la Nasa ont donné le feu vert pour confier à SpaceX deux de ses astronautes. Ils parlent de ce partenariat dans des termes extrêmement laudateurs: la responsable des vols commerciaux habités a évoqué «les miracles» accomplis par la collaboration des deux équipes.

Samedi dans la mythique salle d'allumage du centre Kennedy, ce ne sera pas un homme de la Nasa qui donnera le «go» ultime pour le décollage, mais le directeur de lancement de SpaceX, Michael Taylor, les officiels de l'agence spatiale américaine n'ayant pas de rôle dans le compte à rebours.

Crew Dragon est une capsule comme Apollo, mais version XXIe siècle. Des écrans tactiles ont remplacé boutons et manettes. L'intérieur est dominé par le blanc, l'éclairage plus subtil. Un seul cordon «ombilical» relie les combinaisons aux sièges pour fournir air frais et communications aux deux hommes.

Contrairement aux navettes, dont une a explosé en 1986 après le décollage (Challenger), Dragon peut s'éjecter en urgence si la fusée a un problème.

Si elle est certifiée sûre après le lancement de samedi, les Américains ne dépendront plus des Russes pour accéder à l'espace: depuis 2011, les Soyouz étaient les seuls taxis spatiaux disponibles. Les acheminements depuis la Floride redeviendront réguliers, avec quatre astronautes à bord.

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