La pandémie, qui vient s'ajouter aux baisses publicitaires, pèse sur les finances de la SSR. Celle-ci annonce un nouveau plan d'économie à hauteur de 50 millions de francs ainsi que 250 suppressions d'emplois d'ici 2024.
Pour expliquer ce nouveau train d'économie – le 3ème en deux ans – et de licenciements, Gilles Marchand, le directeur général de la SSR, évoque mardi soir sur les ondes de la RTS, la conjonction de problèmes structurels avec la baisse de la publicité – 100 millions de francs en 3 ans – et conjoncturel avec la crise du coronavirus.
Pour faire face à ces pertes, la SSR appliquera un plan d'économie de 50 millions de francs sur les quatre prochaines années (2021-2024). Ce sont 250 postes à plein temps qui seront supprimés dans l'ensemble de l'entreprise, sur les 5500 qu'elle compte actuellement.
Selon le patron de la SSR, la Suisse alémanique devrait supporter la plus grande part des coupes. Avant de rappeler que 70% des moyens sont générés par le marché alémanique, qui n'en garde que 40%; 4% de Suisse italienne qui en utilise 20 % et 23% de Suisse romande, qui en reçoit 32%. «On est solidaire dans les deux sens à la SSR, pour distribuer l'argent, mais aussi pour supporter les coupes, a-t-il dit.
Le Conseil fédéral a annoncé récemment qu'il relevait le plafond de la redevance de la SSR de 50 millions de francs pour 2021. «Ce n'est pas rien, mais ces 50 millions compensent une coupe d'exactement le même montant. La redevance est maintenant stable, mais cela ne règle en rien les problèmes commerciaux», a expliqué Gilles Marchand.
Licenciements inévitables
L'entreprise table sur une nouvelle perte de recettes publicitaires de 65 millions de francs par rapport à l'an passé. Les démantèlements doivent s'effectuer principalement par le biais de départs naturels. Pour autant, les licenciements ne sauraient être évités, selon la SSR.
Pour cette raison, elle proposera, en complément de son plan social, des mesures spéciales d'accompagnement, en concertation avec son partenaire social. On parle d'aide à la reconversion professionnelle et de retraites anticipées volontaires.
Consultation exigée
L'association professionnelle des journalistes impressum réclame le maintien des postes de journalistes, une consultation globale, ainsi que la négociation d'un plan social, indique-t-elle mardi. La SSR invoque la Covid pour justifier ses licenciements, or c'est plus que jamais durant la récente crise que les médias de service public ont prouvé leur utilité, dénonce encore impressum.
Alors qu’elle est la plus grande organisation de journalistes en Suisse, impressum n'a pas encore été consultée par la SSR, pointe l'association de journalistes. Qui s’attend à être associée dans les négociations du plan social.
Le syndicat suisse des mass médias SSM dénonce aussi ce manque de consultation. Il s'inquiète des effets de cette perte d'emplois sur un marché de la presse déjà restreint.
Il exprime également des craintes pour les employés dont le poste sera maintenu. Il leur sera demandé de produire plus avec moins, insiste-t-il, aussi peut-on redouter des répercussions négatives sur les employés comme sur la qualité.
Plateforme de streaming nationale
Les changements de consommation de la population qui se tournent vers les médias numériques impacte aussi la SSR. Qui réagit en poursuivant sa transformation. Elle annonce en particulier le lancement d'une nouvelle plateforme de streaming nationale, Play Suisse, pour novembre 2020: elle proposera des films suisses, des séries et des documentaires issus des quatre régions linguistiques avec sous-titrage et recommandations personnalisées.