L'action de Twitter s'est effondrée de 11,3% lundi à Wall Street alors qu'Elon Musk se moquait ouvertement du réseau social après l'abandon de son projet de rachat de la plateforme pour 44 milliards de dollars, une décision ouvrant la voie à une bataille judiciaire.
L'homme d'affaires Elon Musk à Vancouver, au Canada, le 14 avril 2022
Le ralentissement de la croissance économique devait "affecter de façon significative les revenus publicitaires" de Twitter, selon les analystes
Twitter touché de plein fouet à Wall Street par l'abandon de son rachat par Elon Musk - Gallery
L'homme d'affaires Elon Musk à Vancouver, au Canada, le 14 avril 2022
Le ralentissement de la croissance économique devait "affecter de façon significative les revenus publicitaires" de Twitter, selon les analystes
Le titre de l'entreprise a fini à 32,65 dollars à la Bourse de New York, soit 40% de moins que ce qu'avait offert le multimilliardaire lorsqu'il avait annoncé son intention de mettre la main sur Twitter mi-avril.
Le conseil d'administration du réseau social, qui n'avait initialement pas du tout le projet de se vendre, avait accepté son offre quelques jours plus tard. Mais après plusieurs mois de rebondissements, M. Musk a fait savoir vendredi dans une lettre à Twitter qu'il mettait fin à cet accord, estimant que l'entreprise n'avait pas respecté ses engagements en ne communiquant pas la part de faux comptes et de spams.
Twitter affirme que le nombre de comptes inauthentiques sur sa plateforme est inférieur à 5%, un chiffre contesté par le multimilliardaire qui le juge beaucoup plus élevé.
Pour justifier son renoncement, M. Musk invoque aussi plusieurs décisions récentes de Twitter comme le gel des recrutements, contraire selon lui à l'obligation pour l'entreprise de continuer à fonctionner normalement.
Les raisons avancées par l'entrepreneur ne permettent pas de motiver légalement une rupture de contrat, avancent toutefois plusieurs spécialistes. Les deux camps sont désormais engagés dans un bras de fer juridique, qui pourrait coûter quelques milliards de dollars à M. Musk s'il venait à perdre.
Selon plusieurs médias américains, Twitter s'est adjoint les services du cabinet d'avocats new-yorkais Wachtell, Lipton, Rosen & Katz. Ce même cabinet avait représenté le groupe californien juste après l'offre de M. Musk en avril alors que le conseil d'administration avait dans un premier temps choisi de résister au projet avant de s'y soumettre.
Risques pour la réputation
Pour sa part, M. Musk a partagé lundi sa première réaction sur Twitter depuis l'annonce de son retrait en publiant une image contenant plusieurs photos où il apparaît hilare.
«Ils ont dit que je ne pouvais pas acheter Twitter. Ensuite ils ont refusé de révéler les informations sur les faux comptes. Maintenant ils veulent me forcer à racheter Twitter au tribunal. Maintenant ils sont obligés de révéler les informations sur les faux comptes», peut-on lire à côté de chaque cliché.
Il a publié peu après une photo de l'acteur Chuck Norris gagnant aux échecs, simplement accompagnée de l'expression «Chuckmate», jeu de mot entre «échec et mat» et le nom de l'acteur.
Pour Dan Ives de Wedbush Securities, «il s'agit pour Twitter et son conseil d'administration d'une situation de +danger extrême+ au moment où l'entreprise va affronter Musk dans une bataille juridique digne de Game of Thrones pour sauver la transaction ou récupérer au moins les indemnités de rupture d'un milliard de dollars."
«Nous ne voyons aucun autre enchérisseur se démarquer à l'heure actuelle alors que la procédure judiciaire va débuter devant les tribunaux», ajoute l'analyste.
Ali Mogharabi, analyste pour Morningstar, estime toutefois qu'au niveau où l'action évolue actuellement, «d'autres parties pourraient s'intéresser à Twitter». Il existe toujours le scénario où Elon Musk finit par racheter site, mais à un prix renégocié à la baisse, ajoute-t-il dans une note.
Sans s'avancer sur le résultat de la bataille judiciaire, les analystes de l'agence de notation S&P Global Ratings notent que dans tous les cas, cela «accroît l'incertitude et les risques pour la réputation» de la plateforme.
Le ralentissement de la croissance économique devait «affecter de façon significative les revenus publicitaires» de Twitter qui constituent environ 90% de son chiffre d'affaires, avancent-ils également.
Ils prévoient d'abaisser la note de Twitter d'un ou plusieurs crans si la transaction est confirmée au prix initial ou si elle est annulée. Ils pourraient en revanche décider de la laisser à son niveau actuel si les deux parties parviennent à un accord et que la réputation du réseau social, aussi bien auprès de ses utilisateurs que des annonceurs, n'est pas trop entamée.