Ukraine Blé: le rendement devrait chuter d'au moins 35%

afp

6.5.2022 - 13:52

Le rendement de la prochaine moisson de blé en Ukraine devrait chuter d'au moins 35% comparé à 2021 en raison de l'invasion russe, selon des images satellites analysées par la société de géolocalisation Kayrros dans une note publiée vendredi.

La Russie et l'Ukraine représentent ensemble 30% des exportations mondiales de blé (archives).
La Russie et l'Ukraine représentent ensemble 30% des exportations mondiales de blé (archives).
KEYSTONE/AP/Ivan Sekretarev

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Le conflit a lourdement perturbé la saison des semis, qui est en cours, et obligé les agriculteurs à travailler sous les bombes, avec du carburant difficile à trouver. A hauteur de satellites, la différence par rapport aux saisons habituelles est déjà visible, corroborant les prédictions des analystes.

Les images ont été enregistrées entre le 14 et le 22 avril, un peu moins de deux mois après l'invasion du pays par la Russie, par le satellite Terra de la Nasa, puis analysées par Kayrros.

Le spécialiste de l'imagerie satellite et de la géolocalisation appliquée à l'environnement s'est appuyé sur la méthode dite de «l'indice de végétation par différence normalisée», une analyse infrarouge de précision qui permet d'évaluer l'état des végétaux et ainsi de prédire la production de céréales.

Un défi logistique incroyable

A ce stade, l'Ukraine serait en capacité de produire 21 millions de tonnes de blé en 2022, soit 12 millions de moins qu'en 2021 estime Kayrros, avec une baisse de rendement des moissons de 23% sous la moyenne des cinq dernières années.

«Étant donné que les combats se poursuivent et qu'une grande partie de la production de blé du pays provient des régions de l'est de l'Ukraine, où le conflit est le plus intense, les chiffres réels de la production seront probablement inférieurs», préviennent les analystes.

«La campagne des semis avance, avec des agriculteurs qui sèment avec un casque et un gilet pare-balles (...) mais c'est un défi logistique incroyable, et on sait que les surfaces cultivées seront plus petites» qu'auparavant, abondait Damien Vercambre, analyste chez Inter-Courtage, interrogé mercredi par l'AFP.

Les agriculteurs qui arriveraient à semer feront dans tous les cas face à un problème de stockage, les exportations par le rail et la route ne pouvant compenser qu'une partie minime des départs de marchandises par bateaux.

La Russie maintient en effet son blocus des ports ukrainiens, tant sur la mer Noire que sur celle d'Azov, entravant lourdement les échanges commerciaux.

Le conflit promet d'aggraver les fragilités de pays très dépendants des exportations de céréales russes et ukrainiennes, comme la Somalie ou la République démocratique du Congo en Afrique, Russie et Ukraine assurant 30% du commerce mondial de cette denrée.