Etats-Unis Début de la grève dans trois usines automobiles

afp

15.9.2023 - 08:18

Le syndicat des employés des trois grands constructeurs automobiles américains a annoncé le démarrage d'une grève dans trois usines à partir de 04H00 GMT vendredi, faute d'un accord trouvé avec les trois grands constructeurs aux Etats-Unis.

epa10861362 Des membres du syndicat United Auto Workers (UAW) font grève devant l'usine d'assemblage Ford Michigan à Wayne, Michigan, États-Unis, le 15 septembre 2023. Les membres de l'UAW ont débrayé dans le cadre d'une grève déclenchée en réponse à l'échec des négociations contractuelles avec les trois grands constructeurs automobiles - General Motors, Ford et Stellantis, la société mère de Jeep et Chrysler. Pour la première fois dans l'histoire, le syndicat a appelé à la grève les trois constructeurs automobiles en même temps. EPA/MIKE MULHOLLAND
epa10861362 Des membres du syndicat United Auto Workers (UAW) font grève devant l'usine d'assemblage Ford Michigan à Wayne, Michigan, États-Unis, le 15 septembre 2023. Les membres de l'UAW ont débrayé dans le cadre d'une grève déclenchée en réponse à l'échec des négociations contractuelles avec les trois grands constructeurs automobiles - General Motors, Ford et Stellantis, la société mère de Jeep et Chrysler. Pour la première fois dans l'histoire, le syndicat a appelé à la grève les trois constructeurs automobiles en même temps. EPA/MIKE MULHOLLAND
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Keystone-SDA, afp

«La grève débute dans les trois usines désignées», a déclaré le syndicat United Auto Workers (UAW), qui avait annoncé un peu plus tôt avoir choisi trois usines pour lancer ce mouvement, une de chacun des groupes General Motors, Stellantis et Ford.

Les sites concernés sont des usines d'assemblage: à Wentzville (Missouri) pour GM, à Toledo (Ohio) pour Stellantis et à Wayne (Michigan) pour Ford. Ils totalisent environ 12.700 syndiqués de l'UAW.

Le président du syndicat Shawn Fain a enjoint les quelque 146.000 membres du syndicat travaillant pour ces trois constructeurs historiques à se tenir prêts en fonction de l'évolution des négociations, prévenant que le syndicat n'hésiterait pas à étendre le mouvement.

Dans un communiqué diffusé dans la foulée, Ford s'est dit «absolument résolu à parvenir à un accord récompensant les employés et protégeant la capacité de Ford à investir pour le futur».

Selon le groupe, la contre-proposition transmise jeudi soir par l'UAW «n'a montré que peu de différences par rapport aux demandes initiales» du syndicat. Ford a qualifié l'offre qu'il avait faite au syndicat il y a plus de deux jours «d'historiquement généreuse avec d'importantes hausses salariales» et d'autres avantages.

Les négociations ont commencé il y a deux mois pour élaborer les nouvelles conventions collectives pour quatre ans.

«Grève historique»

«Nous avons dit aux entreprises, depuis le début, que le 14 septembre (à minuit) était une date butoir, pas un jalon», avait prévenu mercredi Shawn Fain.

De son côté le patron de Ford Jim Farley lui a reproché jeudi après-midi d'être «occupé à préparer une grève» au lieu de négocier «ce contrat avec nous alors qu'il va expirer», sur la chaîne CNBC.

Il veut «faire une grève historique dans les trois groupes mais nous voulons écrire l'histoire avec un accord historique», a-t-il ajouté.

Le président de General Motors, Mark Reuss, avait estimé peu avant lui sur la même chaîne qu'une grève constituerait «une issue très très triste» avec des conséquences importantes.

«Pour une personne dans nos usines qui ne travaille pas, ce sont six autres qui ne travaillent pas», a-t-il affirmé.

La dernière grève du secteur, qui remonte à 2019, n'avait affecté que GM. Elle avait duré six semaines.

L'UAW réclame un relèvement des salaires de 36% sur quatre ans, alors que les trois constructeurs américains n'ont pas été plus loin que 20% (Ford), selon le leader syndical.

Les trois géants historiques de Detroit ont notamment aussi refusé d'accorder des jours de congés supplémentaires et d'augmenter les retraites, assurées par des caisses propres à chaque entreprise.

Le cabinet de conseil Anderson Economic Group (AEG) estime qu'une grève de dix jours pourrait représenter plus de cinq milliards de dollars de perte de revenus pour l'économie américaine.

Et un conflit social prolongé pourrait avoir des conséquences politiques pour le président Joe Biden, dont le bilan économique est critiqué, en particulier du fait de l'inflation tenace.

A un peu plus d'un an du scrutin présidentiel, il marche sur des oeufs, entre son soutien affiché aux syndicats et le spectre d'un coup porté à l'économie américaine.

Il a parlé par téléphone jeudi soir avec Shawn Fain et avec les dirigeants des constructeurs pour faire le point sur les négociations.

Mi-août, il avait plaidé pour un accord «gagnant-gagnant» et «équitable», renforçant les droits des travailleurs pendant la transition vers les véhicules électriques.

«Consommateurs et concessionnaires sont, en général, relativement protégés des effets d'une grève courte», a expliqué le vice-président du cabinet AEG, Tyler Theile.

Mais avec des stocks représentant un cinquième de ceux de l'industrie en 2019, lors de la dernière grève chez GM, ils «pourraient être touchés beaucoup plus rapidement», selon lui.

«On arrive au quatrième trimestre, période durant laquelle on voit le plus de ventes de pick-up et de gros SUV, qui sont très rentables pour ces trois constructeurs», rappelle Jessica Caldwell, du site spécialisé Edmunds.com.