Sochaux Usine Peugeot : à la pointe de l'automatisation

ATS

6.9.2022 - 08:23

Plus compacte, rapide, flexible, et avec moins de salariés: l'usine historique de Peugeot à Sochaux veut être à la pointe en termes d'automatisation, avant l'arrivée de son premier modèle électrique en 2024.

Les 3008 et 5008, SUV stars de Peugeot, sont désormais fabriqués sur une unique ligne de montage, et à raison de 60 véhicules par heure (archives)
Les 3008 et 5008, SUV stars de Peugeot, sont désormais fabriqués sur une unique ligne de montage, et à raison de 60 véhicules par heure (archives)
ATS

Dans le Doubs, le nouveau groupe Stellantis, issu de l'union de Peugeot, Fiat et Chrysler, cherche à prouver qu'il est «capable de modifier un site historique», a souligné lundi le directeur industriel de Stellantis, Arnaud Deboeuf, lors d'une visite avec des journalistes. «C'est fini, la beauté des grandes usines.»

Ce site gigantesque, qui avait conduit à détourner la route nationale et la rivière pour occuper jusqu'à 265 hectares, a perdu un tiers de sa superficie.

Les opérations (stocks, emboutissage, montage, peinture) ont été concentrées sur certains bâtiments, et une partie des terrains a été attribuée à des sous-traitants ou à des entreprises de logistique, suivant un programme de transformation à 200 millions d'euros lancé en 2017.

Les 3008 et 5008, SUV stars de Peugeot, sont désormais fabriqués sur une unique ligne de montage claire et compacte, au lieu de deux auparavant, et à raison de 60 véhicules par heure. Des robots transportent les pièces le long de la ligne de montage, assurent l'installation des moteurs, des pare-brise, et une partie des vérifications de qualité.

Logistique automatisée

Un petit bâtiment tout en hauteur abrite un nouveau bijou à 8 millions d'euros, le «transtockeur»: un entrepôt complètement automatisé, pouvant stocker et décharger jusqu'à 4500 palettes, inspiré des systèmes qu'utilisent Carrefour ou Amazon.

Le ballet des caristes, qui transportent les pièces de l'entrepôt jusqu'au début de la ligne de la montage, pourrait bientôt être aussi assuré par des «butlers», des sortes de tortues jaunes robotiques qui testaient lundi des parcours signalés au sol.

Cette logistique automatisée «va servir de vitrine pour nos autres usines», en Italie, aux Etats -Unis ou en Europe de l'Est, a souligné M. Deboeuf. Stellantis, qui a fait preuve d'une santé financière éclatante depuis sa création, s'est engagé à baisser de 40% ses coûts de production.

Les 92 usines du groupe sont notées chaque mois: Sochaux se classe pour l'instant dans le premier quart pour la qualité, et le premier tiers pour le coût de sa production.

L'atelier d'emboutissage, qui presse les pièces en acier, est aussi en pleine accélération, après un investissement de 33 millions d'euros: les blocs de 20 tonnes vont bientôt presser 8 pièces en même temps, à raison de 15 coups à la minute.

Emplois divisés par deux

Le régime sec s'est aussi appliqué à l'emploi: premier site industriel de France jusqu'en 2013, Sochaux a vu ses effectifs divisés par deux en dix ans, notamment du côté des cols blancs, via plusieurs plans de départs volontaires. L'usine emploie désormais 6200 salariés en CDI, et de moins en moins d'intérimaires.

En augmentant sa productivité, le site a pour mission d'améliorer sa rentabilité et de maintenir ses volumes à 400'000 véhicules par an. Le constructeur veut aussi que l'usine reste flexible, dans un secteur automobile troublé ces deux dernières années par la crise du Covid et de la logistique.

La pénurie de puces électroniques a pourtant poussé la direction à arrêter la ligne plusieurs fois au cours des derniers mois. «C'est très tendu au niveau des pièces, et au niveau social: on ne sait jamais si on va travailler le lendemain», souligne Vincent Rinaldi, représentant du syndicat CFTC. Le chômage partiel assure les salaires à hauteur de 84%.

Jérôme Broussard, délégué syndical CGT, regrette des suppressions de postes «catastrophiques» pour la région. Et «on ne sait pas quand ça va s'arrêter», s'inquiète-t-il. «Les conditions de travail sont très difficiles, la cadence est élevée. Malgré la crise des semi-conducteurs, on pousse la machine à fond avec des rythmes de travail très soutenus. On a des samedis programmés à la pelle.»

ATS