Techniques médicalesVisilab chasse sur les terres de Fielmann
ATS
26.9.2019 - 15:45
Le spécialiste romand de l'optique Visilab veut marcher sur les plates-bandes de son concurrent allemand Fielmann. Via le rachat de McOptic, il compte multiplier son concept à bas prix +Vision en Suisse.
Son patron et fondateur se dit confiant pour la croissance du groupe en 2019.
Le groupe Visilab a ouvert mi-septembre sa première enseigne +Vision en Suisse alémanique, dans le centre de Winterthour, juste à côté d'une boutique du concurrent Fielmann.
Une façon d'afficher d'emblée la couleur pour son président et directeur général Daniel Mori. «On se met juste à côté, on attaque frontalement Fielmann. C'est la stratégie de +Vision», a-t-il expliqué jeudi lors d'un entretien avec AWP.
«Il y a une carte à jouer en Suisse alémanique». Après trois filiales ouvertes en 2018 à Genève et Nyon, le groupe compte ouvrir mi-octobre un magasin à Berne «en face de Fielmann» et un autre dans un centre commercial à Volketswil, dans le canton de Zurich, à la fin de l'année. «En 2020, nous serons en phase de transition pour fusionner +Vision et McOptic».
Visilab a racheté cet été Graffiti, propriétaire de la chaîne McOptic (62 magasins et 336 employés). «Nous garderons le logo McOptic mais à l'intérieur ce sera le concept +Vision, avec quinze marques propres de montures qui répondent à la diversité des besoins, tout en ayant une transparence sur les prix». Il compte ouvrir une cinquantaine de magasins supplémentaires.
Le groupe Visilab, né en 1988, compte actuellement 1300 employés et 163 magasins pour une part de marché de 30% en Suisse.
Taille critique pour assurer gros volumes et petits prix
Pour maintenir des prix bas (forfaits monture et verres à partir de 49 ou de 149 francs), l'entrepreneur romand compte sur le néerlandais Grandvision, qui détient 79% du groupe Visilab et dispose de 7000 magasins dans le monde. «Il faut une taille critique pour assurer les volumes à un niveau de qualité. La production se fait en Asie. La Chine est l'un des meilleurs spécialistes au monde pour les montures», a ajouté M. Mori.
Grâce à McOptic, Visilab met le pied au Tessin où la chaîne compte quatre emplacements. «C'est une superbe opportunité pour notre concept. On sera compétitif vis à vis de l'Italie». Sur la soixantaine de boutiques, une étude est menée pour déterminer lesquelles vont rester en place. «On ne va jamais fermer pour ne pas perdre de clients, mais peut-être en transférer s'il y a un meilleur emplacement ailleurs, surtout en Suisse romande». McOptic y compte neuf emplacements.
Daniel Mori voit aussi «beaucoup d'opportunités» dans les centres commerciaux, où les magasins de textile sont en difficulté. «Nous avons déjà des discussions. Les centres cherchent à remplacer l'habillement et recherchent des opticiens sur plusieurs segments». Il est persuadé que son groupe peut en profiter, grâce à ses différents positionnements via Kochoptik (plutôt haut de gamme), Visilab et +Vision. «On va encore ouvrir un Kochoptik à Berne et un Visilab dans un centre commercial de Schwytz».
L'entreprise, également présente en ligne, croit toujours dans «la complémentarité» avec la présence physique. «L'online est très important mais marginal. Les clients mixent internet et les visites en magasins pour un examen de vue ou un réglage des lunettes. Notre métier ne sera jamais 100% numérique.»
La stratégie à cinq ans du groupe – ouverture de 76 boutiques et embauche de 400 personnes d'ici 2023 – «va être revue». «En 2020, on sera occupé par le mariage entre +Vision et McOptic donc c'est vrai que l'on ouvrira moins de magasins, sauf s'il y a des opportunités. En 2021, on repartira sur les ouvertures.»
Croissance organique et par acquisitions
Daniel Mori se veut confiant pour l'ensemble de l'année. «Nous sommes sur un marché en pleine croissance avec le vieillissement de la population et 'l'épidémie de myopie' à cause des écrans. On est en croissance dans nos magasins et avec l'acquisition de McOptic, nous avons d'excellentes perspectives.» En 2018, le groupe basé à Meyrin a enregistré un chiffre d'affaires brut en hausse de 5% à 264 millions de francs.
Fin juillet, le groupe EssilorLuxottica, qui détient notamment Ray-Ban et Oakley et est coté à Paris, s'est porté acquéreur de la participation de plus de 76% de la société d'investissement néerlandaise HAL dans GrandVision.
«Ce que l'on sait, c'est qu'il y aurait un accord sur le prix. Mais vu la taille des entreprises, beaucoup de commissions de la concurrence vont se prononcer. Il y a une question de position dominante. L'évaluation peut durer entre 12 et 18 mois. Ce n'est qu'une hypothèse», a prudemment avancé le patron genevois.
Daniel Mori assure que si la transaction se fait, «cela ne change rien pour nous. Nous avons des accords juridiquement validés qui ne sont pas liés à l'actionnariat de Grandvision». De plus, «on se connaît bien avec Luxottica (fabrication de montures), qui est un partenaire et un fournisseur».
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