Faits divers 200 ans après, une exceptionnelle statuette médiévale de retour à Dijon

AFP

11.7.2020 - 12:32

La façade du Musée des Beaux-Arts à Dijon, où sont conservés la plupart des pleurants du tombeau de Philippe le Hardi
La façade du Musée des Beaux-Arts à Dijon, où sont conservés la plupart des pleurants du tombeau de Philippe le Hardi
Source: AFP/Archives

Elle avait échappé de justesse à la destruction lors de la Révolution, était restée dans des mains privées depuis 1813, avant de faire l'objet d'une âpre bataille judiciaire: une exceptionnelle statuette médiévale a finalement retrouvé samedi Dijon, où sont exposés les tombeaux d'où elle avait été arrachée il y a plus de 200 ans.

La statuette en albâtre, haute d'une quarantaine de centimètres, faisait partie d'un ensemble de 82 «pleurants», représentations de religieux ou de membres de famille, que la tradition médiévale avait coutume d'installer au pied des tombeaux des illustres.

Sculptés au XVe siècle, ils portaient le deuil éternel dans des arcatures creusées sous les tombeaux de Philippe le Hardi, le premier duc de Bourgogne, et de son fils et successeur Jean sans Peur ainsi que de son épouse, Marguerite de Bavière.

A la Révolution, les tombeaux sont détruits mais les pleurants sont sauvegardés. Après avoir été dispersés, la plupart sont retrouvés au début du XIXe siècle et réinstallés au pied de reconstitutions des «tombeaux» (en fait des cénotaphes vides de corps), depuis exposés au musée des Beaux-Arts de Dijon.

Mais le «Pleurant n°17», ou «Pleurant étanchant ses larmes», connut une histoire encore plus mouvementée.

Tombée dans les mains de propriétaires privés en 1813, la statuette réapparaît en 2014 quand ces derniers demandent une autorisation de sortie du territoire pour pouvoir la vendre, après l'avoir fait estimer à 3 millions d'euros. La direction du patrimoine leur répond que la sculpture ne leur appartient pas et réclame sa restitution.

S'ensuit alors une longue bataille judiciaire qui se clôturera avec la victoire de l'Etat, en juin 2018 et, enfin, le retour à Dijon.

«La réunion de cette statuette est le résultat de la mobilisation des services du ministère de la Culture afin de revendiquer le droit de propriété de l'Etat sur des biens culturels du domaine public, détenus sans fondement juridique par des personnes privées», s'est félicité samedi dans un communiqué le ministère.

La statuette, d'abord présentée sous vitrine, sera à nouveau installée au pied du tombeau de Philippe le Hardi d'ici à quelques semaines.

Considérés comme des bijoux de la sculpture médiévale, les pleurants ont fait l'émerveillement de nombre de visiteurs. Stendhal trouvait leur expression «vraiment admirable». Et, en 2010, la quarantaine de statuettes qui parent le tombeau de Jean sans Peur ont effectué pendant deux ans une tournée mondiale à grand succès, de New York à Los Angeles, Dallas ou Berlin.

Aujourd'hui, les pleurants se retrouvent unis mais sept manquent toujours: quatre sont conservés au Cleveland Museum of Art (Etats-Unis) et trois restent portés disparus.

Retour à la page d'accueil