Faits divers A Kaboul, un robot-serveuse pour alléger le lourd quotidien des Afghans

AFP

14.2.2020 - 08:49

La toute première serveuse robot d'Afghanistan présente une assiette de frites fumantes à une tablée interloquée de Kaboul. «Merci beaucoup», dit-elle en dari, l'une des deux langues principales de ce pays abonné aux atrocités et dont la machine égaie un peu le quotidien.

Le robot humanoïde blanc à la tête profilée et aux bras articulés, qui mesure 1 mètre 50 et semble porter une jupe ample, se prénomme «Timea».

Importé du Japon, il a attiré les curieux depuis son entrée en fonction le mois dernier, se réjouit le directeur du restaurant, Mohammad Rafi Shirzad.

«Il est intéressant pour beaucoup de gens ici de voir un robot dans la vie réelle», affirme-t-il. «Parfois, les enfants sautent de joie et de surprise quand ils (le) voient leur apporter de la nourriture.»

Après quatre décennies de guerre qui ont laissé une grande partie des infrastructures de l'Afghanistan en ruines, la vue d'une serveuse à piles a apporté un peu de légèreté à Kaboul.

Ahmad Zaki, 9 ans, a voulu constater de visu l'existence de la machine. «J'ai vu le robot à la télévision et j'ai demandé à mon père de m'emmener dans ce restaurant», raconte le garçon.

Son père Ahmad Yusuf affirme avoir été amusé d'entendre parler cette serveuse résolument baroque. «C'est très intéressant et excitant de voir en personne un vrai robot en action», remarque-t-il.

«Timea» est assez simple en termes de capacités. Il livre des assiettes aux tables, que les convives prennent ensuite sur un plateau, et est programmé pour éviter les obstacles sur son chemin.

Le robot peut dire des phrases basiques, comme «Joyeux anniversaire». Les clients peuvent passer des commandes via un écran tactile placé sur son ventre.

Mais il n'a pas que des amis. Certains Afghans voient en son existence une menace pour l'emploi dans un pays au niveau de chômage dramatique, proche de 40%.

«C'est ridiculement mauvais», a écrit Kashif Abobaker, utilisateur de Facebook. «Ils emploient un robot alors qu'il y a des dizaines de milliers de jeunes qui cherchent désespérément un emploi.»

Des accusations contestées par M. Shirzad, le patron du restaurant, qui affirme que le robot apporte une nouvelle technologie en Afghanistan et peut conduire à plus d'emplois.

«Nous avons engagé trois experts pour s'occuper» de Timea, observe-t-il. Le robot en ce sens peut selon lui «inciter une jeune génération afghane à apprendre l'intelligence artificielle». Et de lancer: «il s'agit de créer, et non de prendre, des emplois en Afghanistan».

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