MorgesLe sort d'une buvette estivale déchaîne les passions à Morges
beke, ats
23.2.2022 - 15:13
Une pétition lancée pour sauver «La Coquette», que les autorités veulent remplacer par un autre projet, cartonne sur internet. Mercredi après-midi, plus de 5500 personnes avaient signé le texte qui exhorte la Municipalité à faire machine arrière et accueillir deux buvettes.
Keystone-SDA, beke, ats
23.02.2022, 15:13
23.02.2022, 15:42
ATS
Depuis sa création en 2018, «La Coquette» est devenue un lieu incontournable de l'été à Morges. Avec sa riche programmation culturelle gratuite, son ambiance décontractée et son emplacement idyllique au bord du lac, dans le parc de l'Indépendance, la buvette éphémère a vite conquis la population. Mais ses animateurs vont devoir plier bagage.
La Ville a décidé de changer d'exploitant dès cet été, à l'issue d'un appel à projets initié en novembre dernier. Le lauréat a été annoncé le 9 février. Trois dossiers ont été déposés, dont celui de «La Coquette», candidate à sa propre succession. Or la Municipalité a jeté son dévolu sur un projet concurrent: «La Crique», porté par quatre trentenaires de la région.
Décision «brutale»
«C'est une décision brutale!» réagit Blaise Hofmann, l'un des six cofondateurs de «La Coquette», tous bénévoles. Ils sont à l'origine de la pétition et ont aussi enclenché une procédure de recours. «Cette buvette, nous l'avons créée de toutes pièces, sans subventions de la Ville, souligne l'écrivain morgien. Avant, il n'y avait rien. Nous avons l'impression d'avoir été volés. D'autant qu'on nous avait vendu cet appel à projets, calqué sur le nôtre, comme une mise en règle.»
Blaise Hofmann peine à voir des différences fondamentales entre le projet retenu et le leur. «La Municipalité dit avoir été convaincue par ses aspects inclusif et écoresponsable. Mais nous avions autant des familles que des retraités parmi nos clients. Nous accueillions les sociétés locales. Et nous ne servions que des produits de la région. Même le Spritz était fait avec du vin mousseux du coin et de la limonade artisanale. Plus inclusifs et écolos, on ne pouvait pas.»
L'écrivain critique aussi le caractère tardif de l'annonce. «La Crique» se retrouve dans une position inconfortable. De notre côté, il est trop tard pour nous retourner d'ici à l'été.» Chaises, tables et tout le reste du matériel dormiront dans un entrepôt.
La pétition, qui sera remise aux autorités le 8 mars, demande le maintien de «La Coquette» à son emplacement actuel, «puisqu'elle possède déjà des infrastructures sur mesure et un permis de construire adapté». Elle propose à la Ville de mettre à disposition un autre lieu pour «La Crique», tel que l'ancien stand de tir du Boiron, le parc de Vertou ou la plage de la piscine.
Projet sur mesure
Aller voir ailleurs, «La Crique» ne l'imagine pas. «Nous soutenons l'idée qu'un maximum de lieux associatifs se développe à Morges. Mais notre projet a été pensé pour la place Louis-Soutter», répond Robin Moret, l'un de ses quatre artisans. Une structure en bois intégrant un bar, un local de jeu et une cuisine pour de la restauration chaude doit notamment être érigée sur le site.
Pour le reste, «La Crique» prévoit des animations diurnes et nocturnes pour petits et grands, des concerts et une petite place de jeux. Des rapprochements avec les sociétés locales sont envisagés. Une demande va être déposée pour une plateforme d'accès à l'eau. Le tout comporte un volet social avec la volonté d'intégrer, par exemple, des personnes de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants.
Les membres de «La Crique» disent «comprendre la déception de ceux qui ont animé ce lieu jusqu'ici, dont nous respectons beaucoup le travail. Nous savons que les attentes sont grandes et espérons que les gens nous donneront une chance. Les informations peuvent très vite se déformer sur les réseaux sociaux et nous nous réjouissons d'ouvrir afin de montrer notre projet et notre envie de bien faire.»
Décision maintenue
La syndique de Morges Mélanie Wyss indique que la Municipalité a pris acte de la pétition, et qu'elle maintient sa décision. Elle explique que l'appel à projets a été mené sur la base d'un avis de droit commandé par l'Exécutif précédent. «La buvette devait être mise au concours car elle se trouve dans un parc public et génère une activité économique importante. Nous avons choisi une durée d’exploitation de trois ans.»
Il n'était pas question de lancer un appel à projets «alibi». «Des critères ont été définis et le projet qui y répondait le mieux l'a emporté», justifie la syndique. Elle ne veut pas entrer dans les détails, rappelant que le délai de recours court toujours.
La Ville «a fait les choses dans les règles «, en s’appuyant sur des experts externes, insiste-t-elle. Quant au timing, elle a fait «dans les meilleurs délais». «Le calendrier pour les acteurs impliqués est serré, mais jouable.»